L'Office de la protection du consommateur affronte ce matin au palais de justice de Saint-Jérôme le géant de l'alimentation Saputo. L'enjeu? Igor, un tout petit gâteau en forme de gorille.

>>> Saputo plaide coupable

Saputo a distribué en 2007 dans 230 centres de la petite enfance du Québec une pléiade d'articles faisant la promotion de ces gâteaux de la marque Vachon. Des parents s'en étaient plaints. L'OPC a ouvert une enquête puis accusé formellement Saputo d'avoir enfreint les articles 248 et 249 de la Loi provinciale sur la protection du consommateur, qui interdisent toute publicité destinée aux moins de 13 ans. La Coalition sur la problématique du poids soutient l'action de l'OPC et a contribuer à montrer le dossier contre Saputo. Sa présidente, Suzie Pellerin, affirme que la campagne de publicité visait directement les enfants de 4 à 8 ans, et non leurs parents. Mme Pellerin est convaincue que les initiatives de marketing menées par les entreprises agroalimentaires ont un effet très fort - et négatif - sur les habitudes alimentaires des jeunes, qui sont de plus en plus gros au Québec. «L'Organisation mondiale de la santé a même retenu la publicité destinée aux enfants comme l'une des cinq causes de l'épidémie d'obésité dans le monde», dit-elle. «On a beau prôner l'adoption de saines habitudes de vie, ce n'est pas facile de les suivre si on est constamment bombardé de messages qui vantent ce genre de produit», note-t-elle. S'il n'en tient qu'à la Coalition sur la problématique du poids, ce procès ne sera d'ailleurs que le premier d'une longue série. La Coalition a officiellement porté plainte contre quatre autres géants de l'agroalimentaire. La Coalition accuse Burger King, General Mills, Nestlé et McDonald's de bafouer les lois interdisant la publicité aux enfants par des moyens détournés, comme des jouets et des concours. «Notre défi, c'est que, même si les lois québécoises sont très bonnes, il n'y a pas assez d'enquêteurs à l'OPC pour les appliquer», souligne-t-elle. Saputo s'expose à une amende de quelque 60 000$. Les gâteaux Igor ont été retirés du marché par l'entreprise, qui n'a pas rappelé La Presse hier.