C'est autour de 19h15 le mardi 13 septembre 2005, dans le métro Snowdon, que la vie de Marcia Langleib a basculé. Un homme qu'elle n'avait jamais vu de sa vie, Peter Niedzielski, l'a attaquée sans raison et l'a quasiment tuée.

Complètement intoxiqué et déchaîné, le colosse de 27 ans a projeté violemment Marcia sur un mur de béton. Il s'en est pris à deux hommes qui ont voulu l'écarter, ainsi qu'à une autre femme. Il a été maîtrisé plus tard par plusieurs policiers, alors qu'il essayait d'entrer dans un appartement.

 

Marcia, 55 ans, ne se rappelle pas le tragique incident. Normal, elle a subi plusieurs fractures, a fait un arrêt cardiaque, et a passé deux mois dans le coma. Mais les os mal rafistolés de son visage, les cicatrices, son oeil plus haut que l'autre, sa difficulté d'élocution, ses problèmes de marche et son manque de concentration en raison de dommages au cerveau, ça, elle en a conscience chaque minute de sa vie. Hier, pour la première fois depuis l'événement, elle s'est rendue au palais de justice de Montréal, alors que l'on devait enfin discuter de la peine à imposer à son agresseur. Malheureusement pour elle, après quelques tergiversations et en raison de l'encombrement du rôle, l'audience a été remise au 17 avril prochain.

Désintoxication

Dans la foulée de cette agression aussi violente qu'inexplicable, Niedzielski a plaidé coupable à diverses accusations dont voies de fait graves sur Marcia, en avril 2007. Il a subi une cure de désintoxication, et a recouvré la liberté depuis. Un rapport avant la sentence a été établi sur son cas. L'homme serait en voie de devenir menuisier. Le procureur de la Couronne Louis Miville Deschênes compte néanmoins demander une peine de prison ferme, mais il n'en a pas précisé le terme, hier.

En ce qui concerne Marcia, elle demande simplement «qu'il ait ce qu'il mérite».

«Douze ans? demande-t-elle. Je suis restée quatre mois à l'hôpital, et j'ai passé deux mois en réadaptation. Je reste seule dans mon appartement, et je fais du mieux que je peux», d'expliquer Marcia, avant d'ajouter qu'elle peut encore lire, mais pas beaucoup, et pas longtemps. Une voisine, Shirley Clark, vient l'aider régulièrement. «Elle a de la difficulté à fonctionner seule», souffle cette dernière. Avant l'agression, qui est survenue alors qu'elle s'en allait souper chez un oncle, Marcia travaillait en esthétique et vivait tranquillement sa vie.

Outre l'accusation de voies de fait graves, Niedzielski a plaidé coupable à des accusations de voies de fait sur deux hommes, et agression sexuelle sur une femme, à qui il a fait des attouchements déplacés ce soir-là. On ignore ce qu'il avait pris, mais il semble que c'était un cocktail d'alcool et de drogue.