Plus de six ans après l'arrivée d'Omar Khadr à la prison de Guantanamo Bay, à Cuba, la confusion entoure la cause du prisonnier canadien, qui est accusé de crimes de guerre.

La bureaucratie militaire américaine semble déterminée à aller de l'avant avec son procès, apparemment peu impressionnée par l'engagement du président-élu Barack Obama de fermer la prison une fois qu'il aura prêté serment, mardi.

Omar Khadr devait comparaître ce lundi devant la commission militaire américaine, très critiquée, et tout indique qu'il sera accusé de nouveau de crimes de guerre, ce qui pourrait relancer une autre ronde de procédures judiciaires dont il est peu probable qu'elles donnent quelque chose, prédisent des personnes impliquées dans ce dossier.

L'avocat du Pentagone nommé pour défendre Omar Khadr, le lieutenant-commandant William Kuebler, a déclaré que cette situation est tout à fait représentative de Guantanamo, qui «a commencé dans la confusion et le chaos, et va finir de même». Son client continue d'espérer que ses épreuves tirent à leur fin, a ajouté l'avocat.

Omar Khadr, un Torontois de naissance maintenant âgé de 22 ans, est accusé d'avoir tué un soldat américain avec une grenade en Afghanistan, en juillet 2002. Il était âgé de seulement 15 ans. Il est le dernier citoyen d'une démocratie occidentale encore détenu à Guantanamo.

Les avocats d'Omar Khadr voulaient faire une ultime tentative, avant le procès, pour faire rejeter toute déclaration fournie par leur client faisant en sorte que celui-ci pourrait s'être incriminé lui-même, en invoquant le fait que de telles informations auraient été obtenues par la torture ou les mauvais traitements.

Mais la représentante du Pentagone a décidé le mois dernier de retirer toutes les accusations pesant contre Omar Khadr et d'autres détenus, puis de porter à nouveau les mêmes accusations. Des avocats des détenus y voient un tour de passe-passe juridique pour soutirer des plaidoyers de culpabilité des prisonniers et permettre ainsi au président sortant, George W. Bush, de revendiquer une victoire pour son système controversé de commission militaire.

Une chose semble maintenant certaine, étant donné l'engagement de Barack Obama et les nombreuses inconnues juridiques entourant cette affaire, c'est que le procès d'Omar Khadr devant la commission militaire n'ira pas de l'avant comme prévu le 26 janvier, et pourrait ne jamais avoir lieu. En conséquence, le premier ministre canadien Stephen Harper, qui a refusé jusqu'à présent de s'impliquer, pourrait être en butte à des pressions croissantes des Etats-Unis pour rapatrier Omar Khadr au Canada.