«C'est le quatrième accident mortel qui survient à cet endroit en 10 ans. C'est assez. Il faut que le ministère des Transports fasse quelque chose.»

Hier après-midi, Rosaire Martin montrait des traces de roues au fond du fossé devant chez lui. L'odeur d'essence qui flottait dans l'air rappelait le grave accident survenu quelques heures plus tôt.

 

Une embardée a coûté la vie à un adolescent de 17 ans vers 3h dans la nuit de dimanche à hier sur la route 137, à Saint-Hyacinthe.

Jacques Bourgeois n'a pas survécu quand la Honda Civic de son ami a heurté le ponceau qui mène au 19 555, route 137. Les deux autres passagers, âgés de 14 et 16 ans, se trouvent dans un coma provoqué à l'hôpital Sainte-Justine. Ils ont plusieurs fractures et étaient dans un état critique hier soir. Quant au conducteur, âgé de 17 ans, il est hospitalisé pour une fracture de la jambe mais on ne craint pas pour sa vie.

Au moment de l'accident, ce dernier se rendait chez sa copine, à Saint-Valérien, un village à 25 km de Saint-Hyacinthe. Il emmenait avec lui son frère (16 ans), le frère de sa copine (14 ans) et Jacques Bourgeois, son meilleur ami.

L'alcool et la vitesse pourraient être en cause, selon la Sûreté du Québec. Des accusations criminelles pourraient être portées contre le conducteur en fonction du résultat des prélèvements sanguins.

Connu dans son quartier

Jacques Bourgeois était un adolescent connu dans le quartier Sainte-Rosalie, à Saint-Hyacinthe. «Je peux vous dire qu'il avait beaucoup, beaucoup d'amis. Il souriait toujours, il était toujours prêt à faire la fête», a dit hier Valérie, 16 ans, une de ses copines.

L'adolescent était en cinquième secondaire à la polyvalente Hyacinthe-Delorme, à Saint-Hyacinthe. Il laisse dans le deuil ses deux parents et sa petite soeur.

«Le conducteur ne sait pas encore que Jacques est mort... Ça va lui faire tout un choc, et espérons que ça lui donnera une leçon», a conclu Valérie.

Un coin dangereux

La route 137, qui relie Saint-Hyacinthe à Saint-Dominique, n'en est pas à son premier accident, déplore Rosaire Martin, conseiller municipal qui a porté secours aux victimes.

Un homme de 34 ans avait perdu la vie au même endroit en juin 2006. Depuis 10 ans, Rosaire Martin a compté deux autres accidents mortels sur un tronçon de 1 km de la route 137.

«Et c'est sans compter les accidents qui font uniquement des blessés», ajoute M. Martin, qui précise qu'il y en a eu quatre depuis trois mois.

En 2000, après un accident mortel non loin de Granby, le bureau du coroner avait d'ailleurs recommandé au ministère des Transports de trouver une solution pour diminuer les risques d'accident dans trois courbes de la route 137.

Rosaire Martin estime que la route est dangereuse en raison de sa légère courbe. Les automobilistes, qui pensent qu'elle est droite, ont tendance à tomber dans le fossé, explique-t-il. Ils heurtent alors de plein fouet les ponceaux des résidences privées.

«À chaque accident, j'appelle le Ministère, mais rien n'est fait», déplore Rosaire Martin, qui entend proposer une résolution à la prochaine séance du conseil municipal de Saint-Hyacinthe.

Le porte-parole du ministère des Transports, Paul-Jean Charest, a dit hier que le Ministère attendrait le rapport du coroner sur la mort de l'adolescent. «Comme d'habitude, nous donnerons suite au rapport si nous sommes impliqués», a-t-il dit.