«Mes papiers, mon passeport, mes cadeaux de Noël. C'est toute ma vie qui est en train de brûler.»

À l'angle de Christophe-Colomb et Beaubien, Mariam Diagne regardait son 41/2 partir en fumée. Sa soeur et elle habitaient ce logement du 2e étage depuis près d'un an.

Il était 17h hier et la jeune femme de 26 ans venait tout juste de revenir du travail. «Heureusement, j'ai des assurances, a dit Mariam Diagne. Mais ce soir, je ne sais pas où je vais dormir.»

«Présentement, je me retiens pour ne pas pleurer», a-t-elle conclu, avant de s'engouffrer dans l'autobus rouge mis à la disposition des sinistrés par les pompiers.

Peu après 17h, les sinistrés s'y rendaient les uns après les autres, certains sous le choc. «Je suis surtout inquiet pour mes chats, a confié Vincent Causse, locataire de l'immeuble depuis environ deux ans. Je n'ai aucune idée s'ils ont pu s'en sortir. Pour le reste, ce n'est que du matériel. C'est sûr que j'ai perdu les cadeaux de Noël que j'avais achetés, mais ma famille va comprendre. C'est la vie.»

À quelques pas de là, dans la salle à manger d'un restaurant de fast-food, Sébastien Boulet et Karine Riopel tentaient de calmer tant bien que mal leur chatte Minnie.

«Elle a le shake, la pauvre», a lancé Mme Riopel. Le couple, locataire d'un des logements évacués par mesure préventive, s'attendait au pire. «Je suis certain qu'il va y avoir plein d'eau partout. Ce n'est vraiment, mais vraiment pas un bon timing; à deux jours de Noël, je ne sais pas trop comment on va s'arranger», a dit M. Boulet.

Pendant ce temps, dans le stationnement du restaurant, une jeune femme hurlait de rage: «fucking life, fucking life», répétait-elle, alors que deux amis tentaient de la calmer.

«Elle est un peu excédée. C'est la deuxième fois qu'elle passe au feu. La première fois, elle a tout perdu et ça ne faisait que deux jours qu'elle avait emménagé quand l'incendie a éclaté», a expliqué M. Boulet.

Plusieurs sinistrés ont déploré le fait que le deuxième immeuble ravagé par les flammes avait été incendié en juin 2006. «C'est une drôle de coïncidence, a dit Mariam Diagne. Les deux bâtiments appartiennent au même propriétaire.»

La soeur Jeanne Ménard, évacuée de sa résidence par mesure de précaution, espérait pouvoir réintégrer les lieux le plus rapidement possible. «Vous savez, nous donnons des cours de français à des immigrants de plus de 50 nationalités, a glissé la dame. Ces gens ont besoin de nous.»