Dans la débandade qui sévissait à son cabinet, Me Claude F. Archambault se serait montré intraitable avec une jeune avocate qui s'était mise à perdre ses cheveux de stress et d'épuisement.

«Le premier billet de médecin que je lui ai apporté en novembre 2007, il me l'a lancé à la figure en me disant que j'étais une fakeuse», a raconté Me Rosalie Dubé-Meunier, hier, alors qu'elle témoignait devant le Comité de discipline du Barreau. Le Comité doit décider si le célèbre avocat des vedettes et des Pages Jaunes est coupable de 111 infractions déontologiques en matière d'appropriation qu'on lui reproche.

Hier, le Comité a entendu plusieurs avocates qui ont travaillé pour Me Archambault entre 2002 et 2008. Pour sa part, Me Dubé-Meunier a été embauchée en juin 2006, quelques mois seulement après avoir été admise au Barreau. Dès le départ, elle a dû « éteindre des feux », car il y avait beaucoup de dossiers en attente, parfois même depuis deux ans, a-t-elle dit. Elle a également dû rédiger plusieurs lettres en réponse au syndic qui recevait des plaintes de clients de Me Archambault. Ce dernier ne voulait pas s'en occuper, mais il lui disait quoi écrire. Il soutenait que c'était une conspiration contre lui. Par ailleurs, il y avait des problèmes avec le fisc et un gros roulement de personnel au cabinet.

«J'étais souvent la quatrième ou même la huitième avocate à entrer dans un dossier. À l'été 2007, les autres civilistes avaient quitté. J'avais à gérer une quantité astronomique de dossiers. Je devais affronter des avocats très agressifs de grands bureaux. Je travaillais sept jours par semaine. Rendue en novembre 2007, j'avais la langue à terre. Je perdais mes cheveux, j'étais épuisée. Je suis allée à une clinique », a-t-elle dit au sujet de ce premier billet que Me Archambault lui aurait lancé à la figure. Dans les semaines suivantes, elle en aurait obtenu cinq autres, qu'il aurait refusé de regarder. « Il y avait tellement de dossiers. Il m'a fait des menaces. Il m'a dit que si j'avais l'audace de quitter, il ne mettrait pas son nez dans mes dossiers, et que si je finissais par être radiée, ce serait ma faute. Les menaces ont fonctionné, je suis restée.»

La jeune avocate a raconté qu'elle a finalement quitté le cabinet le 13 février 2008, en pleine nuit. «C'était une question de vie ou de mort pour moi. Après, j'ai dormi 48 heures. J'ai été en congé médical jusqu'en avril», a-t-elle dit.

Il fixait lui-même les honoraires

Les témoins entendus hier s'accordent pour dire que Me Archambault recrutait la majorité de sa clientèle par son annonce à l'endos des Pages Jaunes. Il recevait les clients en compagnie d'une avocate de son bureau, qui allait gérer le dossier, mais c'est toujours lui qui fixait les honoraires. Dans 90% des cas, il faisait un prix «forfaitaire» pour tout le dossier, mais il arrivait que des réajustements (à la hausse) étaient faits à la fin, car il y avait eu plus de travail que prévu. Il y avait souvent des ententes verbales. C'est lui qui décidait si l'argent allait être déposé dans le compte en fidéicommis.

Me Archambault lâché par son avocat

Il est à noter que Me Archambault brillait encore par son absence, hier, et cette fois, il n'y avait personne pour le

représenter. Son avocat, Me Julius Grey, l'a lâché le 15 novembre dernier, parce qu'il n'obtenait aucune collaboration de son client. Me Archambault aurait voulu que l'audience d'hier soit remise à plus tard, mais il n'était pas là pour plaider cette requête, à laquelle le syndic adjoint Luc Lapierre s'opposait. Le Comité a décidé de procéder quand même à l'audition.

«C'est toujours délicat de procéder en l'absence de la personne, mais Me Archambault a été avisé que sa requête de remise était contestée, et qu'elle serait plaidée ce matin», a fait valoir le président du Comité, Me Jean Paquet. Il a signalé que Me Archambault pourrait toujours écouter les enregistrements, pour organiser sa défense, s'il y a lieu.