Un changeur du métro de Montréal, Faycal Fehrane, 37 ans, ainsi que son épouse, Fathia Rouan-Rami, 49 ans, ont vécu un véritable cauchemar en octobre dernier, quand, soupçonnés de terrorisme, ils se sont retrouvés accusés de possession d'explosifs et de cocaïne. Un mois plus tard, sans tapage, ils étaient blanchis de toute accusation.

Devançant de trois semaines leur retour prévu devant le tribunal, M. Fehrane et sa femme ont en effet été acquittés séance tenante, le 17 novembre dernier. Toutes les conditions qui leur avaient été imposées, notamment celle de ne pas aller dans le métro, ont été levées et ils ont pu récupérer les 7000$ qu'ils avaient dû verser en cautionnement pour retrouver leur liberté. Apparemment, le couple ignorait totalement qu'il transportait des explosifs dans sa voiture.

 

Vengeance contre le couple? Coup monté? Imbroglio? Pour l'instant, il ne semble pas y avoir de réponse à cette question. «Je ne sais pas. Ce qui compte, c'est que mes clients ont été acquittés», a indiqué Me Fabienne Ranely, qui représentait le couple. L'avocate ne pouvait même pas dire si l'enquête était toujours en cours. «Mes clients veulent tourner la page», a-t-elle dit.

Poursuite de l'enquête

Selon les renseignements obtenus par La Presse, l'enquête se poursuit toujours. Car une chose est sûre: il y avait bel et bien sous le siège arrière de la Honda Civic du couple, des bâtons de dynamite, des détonateurs, un plan manuscrit du métro Berri-UQAM avec ses entrées et sorties, quatre grammes de cocaïne, ainsi que des cartes magnétiques vierges qui servent à fabriquer des cartes de crédit. Forcément, quelqu'un a mis ces objets à cet endroit. Qui et pourquoi?

«Ce n'est pas tombé du ciel», a convenu Fathia Rouan-Rami, jointe par La Presse. La femme de 49 ans a signalé qu'elle avait très «mal vécu cet épisode» qui a bouleversé sa vie et celle de son mari. Elle n'a pas voulu épiloguer plus longtemps sur le sujet.

Lors de l'enquête sous cautionnement, il a été établi que le couple est arrivé au Canada en provenance d'Algérie en 1998. Ils étaient venus ici pour vivre une vie tranquille, avait expliqué Mme Rouan-Rami. Elle travaille depuis plusieurs années au même endroit comme préposée aux bénéficiaires. Pour sa part, après avoir occupé différents emplois dans des restaurants et comme chauffeur de taxi, il a été embauché à la STM au début de 2008. Suspendu lors de son arrestation, il a réintégré son poste depuis son acquittement, a dit son avocate.

Rappelons que c'est une source codée qui avait mis la police sur la piste d'explosifs qui se trouvaient dans la voiture d'un employé de la STM. De fil en aiguille, la police avait remonté jusqu'à M. Fehrane, qui avait été mis sous filature. Le matin du 15 octobre, après être allée conduire son mari à son travail, la femme avait décidé d'arrêter dans un centre commercial, à l'angle des rues Jean-Talon et Pie-IX, pour effectuer quelques achats. En arrêtant la voiture, elle avait été encerclée par le SWAT, puis arrêtée. Plusieurs commerces avaient été évacués pour les besoins de l'opération.