Estimant qu'un doute raisonnable subsistait, le juge Serge Boisvert a acquitté Mark Lafleur, hier, de deux accusations d'agression sexuelle à l'égard d'une ex-copine.

«Je ne crois pas Mark Lafleur mais, avec la preuve que j'ai, je ne peux pas me convaincre au-delà de tout doute raisonnable. Cela ne veut pas dire que les agressions sexuelles ne sont pas survenues», a commenté le juge, qui a rendu sa décision dès que les avocates ont eu terminé leurs plaidoiries.

Contrairement à leur habitude, les parents de la victime n'étaient pas présents, hier. La famille de Mark Lafleur non plus. Quand à ce dernier, qui était assis, menotté, dans le box des accusés, il n'a pas bronché. Une fois que le juge est sorti, il s'est donné de petites tapes sur l'estomac, pour montrer à son avocate que le processus l'avait rendu anxieux et qu'il était soulagé.

La Couronne lui reprochait d'avoir forcé une ex-copine à avoir des relations sexuelles à trois reprises pendant leurs fréquentations, qui ont duré deux ans et demi, soit entre août 2004 et fin janvier 2007. Selon la jeune fille, qui était mineure au moment des faits, cela survenait toujours à l'occasion de querelles. Lafleur a reconnu avoir été violent avec elle. Il a d'ailleurs plaidé coupable en début de semaine à 14 des 16 chefs d'accusation portés contre lui, notamment de voies de fait, voies de fait armées ayant causé des lésions, menaces et séquestration. Mais il a refusé de se reconnaître coupable d'agression sexuelle.

Manque de crédibilité des deux

Le juge Boisvert n'a pas trouvé crédible le témoignage de Lafleur; celui de l'ex-copine, maintenant âgée de 19 ans, ne l'a pas convaincu non plus. Tous les deux consommaient beaucoup et toutes sortes de choses, a fait valoir le juge; il a qualifié de «malsaine» leur relation, dans laquelle la consommation de drogue a engendré de la violence.

«J'ai la preuve qu'il était violent, très violent avec madame», a dit le juge à propos de l'accusé, qu'il a qualifié de junkie. Malgré cela, des aspects du témoignage de la jeune femme l'ont interpellé. Elle restait vague sur les agressions sexuelles, alors que les détails sur la violence étaient très précis. De plus, sa version de ces agressions n'a été confirmée par aucun autre élément.

La procureure de la Couronne, Sophie Lavergne, estimait qu'il y avait des incohérences dans les témoignages de Lise Barré-Lafleur et Martin Lafleur, la mère et le frère de l'accusé. Le juge a trouvé que ces incohérences n'étaient pas majeures et a fait ce commentaire: «Je n'aurais pas aimé vivre la situation des parents de l'accusé, et encore moins celle des parents de la victime.» Au bout du compte, il a acquitté Lafleur.

Me Mia Manocchio, l'avocate de Lafleur, était évidemment heureuse du verdict, rendu beaucoup plus rapidement que prévu. «Mais ce n'est pas fini. On en est à l'étape deux, les observations sur la peine», a-t-elle dit en sortant de la salle d'audience. Ces plaidoiries auront lieu le 25 juin.

Le fils du célèbre hockeyeur Guy Lafleur a d'autres dossiers en suspens, notamment pour un épisode de rage au volant et une accusation de voies de fait contre un gardien de prison, qu'on lui reproche d'avoir commises en avril dernier. On saura mercredi prochain ce qu'il adviendra de ces dossiers. Lafleur pourrait décider de tout régler d'un coup.

Rappelons que, dans l'affaire en question, Lafleur est en détention préventive depuis septembre dernier. Il avait obtenu sa liberté sous caution pour suivre une cure de désintoxication, mais il a été réincarcéré parce qu'il ne respectait pas les règles imposées par les maisons de thérapie.

Selon le témoignage que Guy Lafleur a rendu lors de l'enquête pour cautionnement, son fils souffre du syndrome de Gilles de la Tourette. Son parcours scolaire a été catastrophique et il a fréquenté une multitude d'établissements.