Les démêlés judiciaires du cadet de ses fils se répercutent sur Guy Lafleur.

En vertu d'un mandat d'arrêt visé lancé contre lui, la légende du hockey devra comparaître en Cour du Québec pour y être accusée d'avoir «livré un témoignage contradictoire» dans le but de tromper. Il s'agit d'une accusation qui relève du Code criminel, passible d'un maximum de 14 ans de prison.

L'accusation vise un témoignage que M. Lafleur a rendu, lors de l'enquête sur mise en liberté de son fils Mark, le 19 septembre dernier. Plus précisément, on reproche à l'ex-hockeyeur âgé de 56 ans d'avoir affirmé devant le tribunal que son fils était revenu coucher au domicile familial chaque soir lorsqu'il pouvait sortir de la maison de thérapie où il était placé, respectant ainsi le couvre-feu qui lui avait été imposé.

Or, quelques semaines plus tard, à l'occasion d'une autre audience, la procureure de la Couronne Sophie Lavergne a confronté M. Lafleur à ce sujet. Lafleur père a alors admis qu'à deux reprises au cours de l'été, son fils avait passé la nuit à l'hôtel avec sa nouvelle petite amie. C'était même lui qui l'avait conduit à l'hôtel, ajoutait-il. «Quand un gars de 22 ans demande d'aller à l'hôtel pour avoir plus d'intimité qu'à la maison Tout s'est bien déroulé, il n'a pas consommé. Pour moi c'est de la réinsertion sociale», s'était défendu Guy Lafleur.

Après avoir soupesé l'affaire, la Couronne a finalement décidé de sévir contre Guy Lafleur. Vendredi dernier, un juge a donné le feu vert à un mandat d'arrêt visé.

Procédure particulière

Ce type de mandat permet aux policiers qui arrêtent l'individu de le mettre en liberté avec une promesse de comparaître, a expliqué hier à La Presse Me Marie-Josée Di Lallo, procureure-chef au palais de justice de Montréal. Elle ne pouvait cependant pas préciser pourquoi cette procédure avait été choisie plutôt qu'une autre, par exemple une accusation par sommation, moins contraignante. «On a différentes façons de procéder et c'est celle-là qui a été prise.» Il nous a été impossible de joindre la procureure affectée au dossier, Me Lise Archambault.

Étonnamment, Guy Lafleur n'avait toujours pas été avisé, hier après-midi, selon Me Jean-Pierre Rancourt, ami de longue date de la famille Lafleur, et avocat de Mark. Me Rancourt s'étonnait d'ailleurs que la chose ait été rendue publique avant que Guy Lafleur en soit informé. Pour dire les choses comme elles sont, il fulminait.

Rappelons que Mark Lafleur, le plus jeune des deux fils de l'ex-étoile du hockey, est en attente de procès pour agression sexuelle et voie de fait sur une ex-copine mineure. Arrêté le 31 janvier 2007, le jeune homme, qui souffre du syndrome de Gilles de la Tourette et de problèmes de comportement, avait été mis en liberté à condition de se soumettre à une thérapie de désintoxication, qu'il a d'ailleurs suivie avec succès. Il a par la suite été transféré dans une autre maison de thérapie, l'Exode, qui vise la réinsertion sociale.

C'est là que les choses se seraient gâtées. Mécontents de son comportement parce qu'il ne respectait pas les règles, les dirigeants de l'Exode l'ont expulsé en septembre dernier, ce qui a entraîné son arrestation et une accusation de bris de condition. Les Lafleur ont alors tenté d'obtenir une nouvelle mise en liberté, et c'est dans ce cadre que Guy Lafleur a rendu le témoignage qui lui vaut une accusation. Mentionnons que cette tentative d'obtenir un cautionnement pour le jeune Lafleur a échoué en Cour supérieure. Le père se disait disposé à reprendre son fils à la maison familiale et à en assurer une étroite surveillance. En motivant son refus, la juge Carol Cohen avait écorché le père au passage, lui reprochant d'avoir aidé son fils à bafouer les règles de l'Exode.