Dans les années fastes de Norbourg, Vincent Lacroix fournissait une infirmière à domicile pour s'occuper des nouveau-nés des employés et ce, jusqu'à concurreànce de 9000$, pour une période de six mois.

C'est du moins l'explication que l'ex-informaticien de Norbourg, Félicien Souka, a fournie, mercredi, à propos d'un chèque de 9000$ qu'il avait reçu à un certain moment, en plus de son salaire. M. Souka témoignait alors devant le juge de la Cour supérieure Richard Wagner, dans l'espoir que l'État paie ses frais d'avocats dans le procès criminel de fraude relatif à Norbourg, qu'il doit subir avec cinq autres accusés, dont Vincent Lacroix.

 

Ce procès devant jury doit commencer en septembre 2009, mais d'ici là, il y a un travail de préparation à faire. M. Souka s'est vu refuser l'aide juridique, car son revenu dépasse le seuil admissible. Au temps de Norbourg, où il a travaillé de 2002 à 2005, il gagnait 50 000$ par année, plus environ 25 000$ en bonus, dit-il. Il a évidemment perdu son emploi quand le scandale a éclaté, en août 2005. Il a fini par trouver des contrats depuis, mais «tout est tombé le 18 juin dernier», quand il a été accusé dans le cadre du présent dossier.

Il demande non pas un, mais deux avocats payés par l'État: Me Louise Desautels, son avocate dans ses causes civiles, voudrait faire le procès criminel, car elle a une bonne connaissance du dossier. Mais elle n'a fait qu'un seul procès devant jury, et c'était il y a 25 ans. Elle demande donc qu'un criminaliste soit aussi embauché. Le taux horaire oscillerait entre 150$ et 175$ l'heure chacun.

Congédié... en partie

L'ex-contrôleur financier de Norbourg, Jean Cholette, se dit lui aussi sans le sou, mais trop riche aux yeux de l'aide juridique. Après la chute de Norbourg, il s'est trouvé un emploi dans une imprimerie, en octobre 2005, au salaire de 42 000$ par année. Il affirme avoir été «congédié» en octobre dernier, parce qu'il est «passé dans les journaux», et que des clients ont posé des questions à son sujet. Actuellement, il reçoit de l'assurance emploi et travaille une journée par semaine... au même endroit! Travailler deux ou trois jours ne servirait à rien, car on lui amputerait son chèque, a-t-il expliqué candidement. Après avoir «perdu» son emploi, il a redemandé de l'aide juridique, mais il a été refusé de nouveau. Il a déclaré faillite en août 2007, et demeure dans un quatre pièces. Me Katia Léontief est prête à le représenter.

Le juge doit entendre une semblable requête d'un autre des accusés, Jean Renaud, ex-fonctionnaire au ministère des Finances et ancien camarade de classe de Lacroix. Un quatrième accusé, Rémi Deschambault, a été accepté à l'aide juridique. Mais l'avocate pressentie pour prendre le dossier, Me Cristina Nedelcu, ne veut pas se contenter du tarif de l'aide juridique. C'est ce qu'elle a fait savoir, mercredi, et qui sera plaidé plus tard.

Les avocats invoquent la «complexité» du dossier. L'avocat du ministère de la Justice, Me Julien Bernard, estime que ce n'est pas si complexe. C'est la même opération, répétée 112 fois, qui est reprochée, résume-t-il.

L'audience se poursuivra lundi prochain. Rappelons que les six accusés font face à un total de 922 accusations dans la foulée du colossal détournement de fonds de Norbourg.