Après une radiation qui a duré plus de sept ans pour de graves manquements déontologiques, Micheline Parizeau, la terreur des riches maris en instance de divorce, peut rendosser la toge d'avocate.

C'est ce que vient de décider le Tribunal des professions, en renversant une décision contraire du Barreau. En 2007, même si sa radiation de cinq ans avait été entièrement purgée, le Comité des requêtes du Barreau du Québec avait refusé de réintégrer Mme Parizeau dans la profession. La conduite professionnelle de l'ex-avocate, maintenant âgée de 65 ans, ainsi que sa capacité d'introspection, avaient été au coeur des échanges lors de l'audience en réinscription.

 

Mme Parizeau avait notamment expliqué qu'un «tourbillon» s'était installé dans sa vie à l'époque, et avait avoué qu'elle avait perdu le recul nécessaire à une saine pratique du métier. Elle avait aussi tenté de justifier les innombrables procédures de contestations qu'elle avait entreprises. La «macédoine d'explications» donnée par Mme Parizeau avait amené le Comité à croire qu'elle n'avait pas changé, et sa requête en réinscription avait été rejetée.

N'ayant pas perdu sa pugnacité, Mme Parizeau a porté cette décision en appel auprès du Tribunal des professions. Avec succès. Le Tribunal juge que le purgatoire de Mme Parizeau a assez duré. «Le débat sur la demande de réinscription devient l'occasion de prolonger une radiation temporaire déjà purgée en s'appuyant davantage sur un passé lointain, que sur des éléments de preuve plus contemporains», peut-on lire dans le jugement rendus par le Tribunal, formé par les juges de la Cour du Québec Martin Hébert, Danielle Côté et François Godbout.

Le Tribunal conclut que Mme Parizeau a maintenant les moeurs, la conduite, la compétence, les connaissances et les qualités requises pour être avocate, et ordonne sa réinscription.

Mme Parizeau avait été déclarée coupable de six infractions déontologiques en 1999, dont incitation à parjure, fabrication et présentation de fausse preuve. Cette condamnation avait trait à un dossier de divorce datant de 1991. En fait, elle avait encouragé la femme d'un riche homme d'affaires montréalais à gonfler son train de vie et exagérer ses dépenses pour obtenir une plus grosse pension, en l'occurrence 40 000$ par mois. En février 2000, son Comité de discipline lui a imposé une radiation de sept ans, qui a été ramenée à cinq ans par le Tribunal des professions.

Au Barreau du Québec, hier, on ne pouvait dire si la décision allait être portée en appel. «On ne commente pas les jugements. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on est dans le délai pour en appeler et qu'on est en période de réflexion», a indiqué la porte-parole, Martine Meilleur. Mme Parizeau avait fait valoir au Comité qu'elle n'avait pas l'intention d'ouvrir son bureau, mais qu'elle voulait travailler avec un autre avocat en se limitant à des mandats spécifiques.