Plusieurs organismes réclament que l'enquête publique sur le drame qui a coûté la vie au jeune Fredy Villanueva, l'été dernier, ait un mandat beaucoup plus large et qu'elle examine les méthodes des policiers.

Certains exprimeront d'ailleurs bientôt haut et fort leur insatisfaction et leur colère devant l'enquête menée par la Sûreté du Québec (SQ) qui ne s'est faite, d'après eux, que l'écho de la version des deux agents montréalais impliqués.

La Ligue des droits et libertés, le Centre justice et foi, le Conseil central du Montréal métropolitain et la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes ont demandé d'une même voix, dans un communiqué de presse, mercredi, que l'enquête publique du juge Robert Sansfaçon aborde aussi les questions relatives au profilage racial et à la lutte aux gangs de rue.

«Les forces policières doivent rendre compte publiquement de la manière dont cette problématique est prise en compte dans leurs interventions et identifier les lacunes à corriger», a indiqué Louise Dionne, du Centre justice et foi.

Parallèlement, la Coalition contre la répression et les abus policiers a fait une demande similaire, lors d'une conférence de presse devant le Palais de justice de Montréal.

Et parce qu'elle déplore que les autorités judiciaires aient conclu qu'il n'y a pas lieu de porter des accusations contre le policier qui a fait feu sur le garçon âgé de 18 ans, Jean-Loup Lapointe, la Coalition tiendra une manifestation le 13 décembre au parc Henri-Bourassa, à Montréal-Nord.

C'est précisément à cet endroit que le jeune homme a été abattu, ce qui pourrait contribuer à échauffer les esprits. Un porte-parole du regroupement, François Van Vlit, a laissé entendre que s'il y avait de la casse, les forces policières n'auraient qu'elles-mêmes à blâmer.

«S'il y a des débordements, ce n'est pas nous qui va les causer, c'est les injustices du système», a-t-il lancé.

M. Van Vlit a cependant nié qu'il souhaitait que des affrontements aient lieu.

Un autre porte-parole de la Coalition, Alexandre Popovic, a quant à lui estimé en entrevue qu'un procès criminel contre l'agent Lapointe aurait constitué la meilleure option, même si les témoignages et éléments de preuve recueillis par la SQ ne le commandaient pas.

«Si (l'enquête publique) est bien menée, si toutes les personnes qui ont vu quelque chose ont leur mot à dire, j'imagine que ça ne pourra pas faire autrement que de donner lieu à la vérité. Mais ce qu'on dit, c'est que ce n'est pas un substitut préférable à un procès au criminel», a affirmé M. Popovic. Même si l'enquête publique révélait toute la vérité sur ce qui s'est passé le 9 août au parc Henri-Bourassa, «elle ne donnera pas nécessairement la justice», a-t-il noté.

La politique du ministère de la Sécurité publique voulant que l'enquête sur un incident grave qui implique un corps policier soit menée par un autre corps policier est aussi dans la mire des différents organismes.

«Le blanchiment systématique des policiers dans des événements comme ceux de Montréal-Nord enlève toute crédibilité au processus et laisse l'impression que les policiers sont au-dessus de la loi», a fait valoir Dominique Peschard, de la Ligue des droits et libertés.

C'est pourquoi les organismes demandent la création d'une unité d'enquête indépendante composée

majoritairement de civils.