Réalisateur de vidéos publicitaires, Alain Baril peinait à trouver des contrats quand un ancien voisin, Richard Sanschagrin, rencontré «entre deux portes» d'un immeuble à bureaux de Québec, lui a offert de décharger un conteneur de 400 lingots d'aluminium et d'en récupérer la cocaïne cachée à l'intérieur. Montant de la prime pour deux jours de durs labeurs: 25 000$.

En octobre 2004, tout s'est si bien déroulé que Baril s'est fait remettre 20 000$ supplémentaires pour avoir entreposé la cocaïne chez lui, le temps que Sanschagrin écoule les 320 kilos venus du Venezuela. Cela semblait si facile que Baril a même fait des livraisons, à la demande de Sanschagrin, désigné comme un des piliers du réseau du caïd Yvan Cech, démantelé en mai 2006.

Âgé de 44 ans, Baril est aujourd'hui délateur, après avoir été arrêté à la suite d'un autre arrivage de lingots d'aluminium contenant 375 kilos de cocaïne, en août 2005. Hier, il a témoigné au procès devant jury pour trafic de drogue et gangstérisme que subissent depuis lundi Yvan Cech, Richard Sanschagrin et trois de leurs présumés acolytes, au palais de justice Gouin.

Après avoir raconté comment il avait été recruté, Baril a décrit en long et en large les fameux lingots d'aluminium dans lesquels étaient insérés les paquets de cocaïne. Il a parlé de ses nombreuses rencontres avec Sanschagrin dans des stationnements des faubourgs de Québec, mais aussi de ses rapports avec l'homme d'affaires Thomas Nittolo, chargé du transport de la cocaïne.

Baril a ensuite aidé la police à polir sa preuve en piégeant Sanschagrin et Nittolo à l'aide de micros qu'il portait sur lui. À l'insu des trafiquants, les policiers ont saisi les 375 kilos de cocaïne que Baril avait extirpés des lingots d'aluminium. Ce revirement a évidemment mis tout le monde sur le qui-vive et alimenté les soupçons à l'endroit de Baril et d'un autre membre de l'organisation.

Baril devrait terminer son témoignage à charge aujourd'hui. Il sera ensuite contre-interrogé par les avocats de la défense.