Hassan Diab, soupçonné d'être l'auteur d'un attentat qui avait fait quatre morts en 1980 près d'une synagogue parisienne rue Copernic, devait comparaître à nouveau jeudi à Ottawa pour savoir s'il sera ou non remis en liberté conditionnelle en attendant une éventuelle extradition.

M. Diab, un Libano-Canadien d'origine palestinienne de 54 ans, avait été arrêté jeudi dernier dans la banlieue d'Ottawa à la demande de la justice française.

Une première audition vendredi dernier avait été ajournée à ce jeudi vers 15h30 GMT.

Le juge Michel Charbonneau de la Cour supérieure de l'Ontario a émis la semaine dernière un interdit de publication, une procédure courante qui empêche de diffuser des informations sur le dossier à charge, ainsi que sur le déroulement des audiences.

Plusieurs médias, dont la chaîne publique Radio-Canada, ont annoncé leur intention de contester en justice cette interdiction.

Professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa , M. Diab est accusé de meurtres, de tentative de meurtres et de destruction volontaire de biens par un groupe organisé. Il risque la prison à perpétuité en France s'il est extradé, a précisé l'avocat.

La France a 45 jours à compter du jour de l'arrestation pour présenter sa demande d'extradition et le dossier l'appuyant.

Hassan Diab est soupçonné par la justice française d'avoir confectionné l'engin posé dans la sacoche d'une moto à quelques mètres de la synagogue de la rue Copernic à Paris, qui avait fait quatre morts et une vingtaine de blessés le 3 octobre 1980.

La justice française est remontée en 2007 à M. Diab à la faveur d'un fichier fourni par l'Allemagne et comprenant les noms des membres du commando de la rue Copernic.

Son avocat, Me René Duval, a affirmé à plusieurs reprises que M. Diab, qui enseigne également à l'université Carleton d'Ottawa, était victime d'une «erreur sur la personne» et qu'il ne se trouvait pas à Paris au moment de l'attentat de la rue Copernic.

M. Diab avait lui-même affirmé en octobre 2007 au quotidien Le Figaro être victime d'une homonymie, qui lui avait déjà valu d'être régulièrement soumis à des contrôles lors de ses voyages.

Le quotidien Ottawa Citizen écrivait jeudi que M. Diab a été suivi de temps à autre par la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) au cours des douze derniers mois. S'étant aperçu de ces filatures, M. Diab avait averti la police d'Ottawa en lui donnant notamment le numéro de la plaque du véhicule de ses suiveurs, mais sa démarche n'avait eu aucune conséquence, ajoute le journal.

Le quotidien dit aussi avoir reçu des courriels d'un ami de M. Diab, Daniel Lee, qui enseigne la sociologie en Californie. M. Lee, qui dit connaître M. Diab depuis 1993, affirme lui aussi que M. Diab n'est pas celui que la police française cherche.

«Comment se fait-il que la police française ait mis tant de temps à le retrouver alors que n'importe qui peut le faire en cherchant son nom sur Google?», a-t-il écrit, affirmant aussi qu'à l'époque de l'attentat de la rue Copernic, Hassan Diab était étudiant à Beyrouth et en train de tomber amoureux d'une étudiante.