Condamné en janvier 2005 à huit ans de pénitencier pour des importations massives de cocaïne et de haschisch, l'ancien vérificateur de conteneurs du port de Montréal, Donald Matticks, n'aura guère profité de sa pleine liberté. Sitôt sorti d'une maison de transition, en mars dernier, il est replongé dans ses deux vices: la consommation d'alcool et de drogue.

Convoqué devant la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) hier, Matticks s'est longuement excusé, mais il n'a pu gagner la sympathie des commissaires. «Vous avez brisé le lien de confiance», ont-ils tranché en le ramenant derrière les barreaux pour au moins les 12 prochains mois. Il est même possible qu'il ne puisse ressortir avant le 28 mai 2010.

Matticks, 45 ans, a expliqué que c'est une peine d'amour qui a chamboulé le programme de réinsertion sociale qu'il a suivi pendant 22 mois dans une maison de transition. Il y avait quelques semaines qu'il était en liberté quand sa nouvelle amie l'a quitté, le printemps dernier. «J'ai jamais été un bon mari, ni un bon chum. Pour une fois, j'étais honnête avec une femme, et elle m'a laissé tomber. Ça été un gros choc», a-t-il dit pour expliquer ce qui l'a poussé à reprendre la bouteille, après 15 ans d'abstinence. Un autre soir de déprime, il a aussi reconnu avoir «sniffé» de la cocaïne.

Jusque-là rien de trop accablant aux yeux des commissaires, étant donné qu'ils s'inquiétaient déjà des mauvais penchants de Matticks avant même d'être forcés par la loi de le remettre en liberté au sixième de sa peine, en mai 2006. À les entendre, le pépin vient de ce que Matticks a attendu d'être interpellé par la police pour ivresse au volant, puis d'échouer un test de dépistage de la cocaïne, avant d'informer son agent de libération conditionnelle de ses problèmes de comportement.

Au cours de l'audience d'hier, les commissaires n'ont guère apprécié non plus que Matticks leur dise en toute candeur avoir bu seulement «deux verres de vin» la nuit de son arrestation, le 23 juillet dernier, alors que les tests d'alcoolémie démontrent qu'il dépassait du double la limite permis de .08. «J'ai peut-être pris trois verres, mais j'ai pensé que j'étais capable de conduire», a-t-il balbutié, devant le scepticisme des commissaires. Père de quatre enfants issus de deux unions, Matticks souhaitait retourner en maison de transition, mais les commissaires l'ont renvoyé au pénitencier.