Christian Gagné est un chiropraticien «compétent et respecté». «Dommage qu'il n'ait pu contrôler ses pulsions sexuelles».

Le juge Jean Sirois a émis ce commentaire, hier, au palais de justice de Saint-Jérôme, lorsqu'il a condamné Gagné, 43 ans, à deux ans de prison suivis d'une probation de trois ans. Durant cette période, il ne pourra pas se trouver seul avec des patientes.

Gagné a plaidé coupable en mars dernier à huit chefs d'agression sexuelle sur des patientes âgées de 17 à 62 ans. La première agression remonte à 1991. La dernière a eu lieu en 2006. Père de quatre enfants en bas âge, il était en liberté durant le processus judiciaire. L'Ordre des chiropraticiens a suspendu son droit de pratique en mai. Il s'est ensuite mis à travailler comme naturopathe.

Gagné a massé les seins de plusieurs patientes. Il a aussi demandé à certaines s'il pouvait embrasser leurs seins, ou encore de toucher ses parties génitales. L'accusé a admis avoir entretenu des fantasmes envers ses patientes avant de les agresser.

Le magistrat a retenu comme facteur aggravant cet «abus d'autorité d'un professionnel de la santé à l'endroit de patientes qui lui faisaient confiance et qui étaient à sa merci». Il considère qu'il y a risque de récidive. Selon l'évaluation psychosexuelle à laquelle il s'est soumis, Gagné est encore «peu conscient du sérieux et de la gravité des actes, et ce, malgré 66 séances de psychothérapie», a noté le juge Sirois.

Le chiropraticien a présenté des excuses à ses victimes. Plusieurs d'entre elles ont assisté à l'audience d'hier. «Je voulais tourner la page», a dit l'une des plus jeunes. Elles sont satisfaites de la peine. Une information dévoilée par le juge, hier, les a toutefois choquées. Quelque 200 patients et plusieurs confrères ont écrit des lettres pour appuyer le chiropraticien. «Cela me fâche tellement de savoir que tous ces patients disent qu'il était compétent», a dit une victime.

Le tribunal a ordonné au chiropraticien d'entreprendre un suivi spécialisé en délinquance sexuelle. Gagné sera inscrit dans le registre des délinquants sexuels pour une période de 20 ans. Il n'avait pas d'antécédents judiciaires.

L'avocat de la défense, Clément Bluteau, estime que la peine est «sévère». Il avait suggéré une peine de deux ans moins un jour à purger dans la communauté, alors que la Couronne demandait une peine globale de trois ans. Me Bluteau songe à interjeter appel. Son client comparaîtra devant l'Ordre des chiropraticiens le 18 novembre au sujet de son droit de pratique.