Qui est «Ma Chouette» ? Le secret restera bien gardé pour l'instant. Le journaliste Daniel Leblanc du Globe and Mail, qui a mis au jour le scandale des commandites, a échappé hier aux questions de l'avocat de l'une des firmes poursuivies dans cette affaire.

Daniel Leblanc était convié au palais de justice de Montréal pour répondre à l'interrogatoire de l'avocat du Groupe Polygone, poursuivi par le gouvernement fédéral pour 35 millions.

 

Pour étayer sa défense, l'avocat de Polygone, Paul P. Bélanger, veut identifier «Ma Chouette», l'informateur du Globe and Mail à l'origine des révélations sur le scandale. Son but: prouver que le gouvernement était au courant des commandites au moins trois ans avant d'entamer sa poursuite. Cela ferait tomber la cause en vertu d'une disposition du Code civil.

Daniel Leblanc n'a pas eu à répondre aux questions. L'avocat du Globe and Mail, Mark Bantey, s'est adressé hier midi à la Cour d'appel pour contester la décision du juge de la Cour supérieure, Jean-François de Grandpré. Lors de la dernière audience, ce dernier avait rejeté les arguments du Globe and Mail qui refusait de dévoiler toute information sur «Ma Chouette».

Leblanc devra se taire

Visiblement réticent, le juge Jean-François de Grandpré a accepté d'attendre la décision de la Cour d'appel. Il a toutefois ordonné à Daniel Leblanc de cesser d'écrire sur les négociations entre le gouvernement et Polygone. Le journaliste avait publié un article sur le sujet le 21 octobre dernier.

«M. Leblanc, je vous empêche d'écrire quoi que ce soit (..) sur la tractation entre les partis», a déclaré le juge de Grandpré au terme de l'audience.

Furieux et qualifiant cette demande d'«ordonnance de non-publication», l'avocat du Globe and Mail a promis de contester cette autre décision devant la Cour d'appel.