Le délateur Stéphane Gagné a fait rire Paul Fontaine, hier, quand il a été question du gabarit de ce dernier, et de la façon dont Gagné l'appelait à l'époque où ils étaient copains dans les motards. «Je l'appelais Fonfon pour le taquiner, parce que c'est les journalistes qui lui avaient donné ce nom-là. Ça faisait des années que je l'avais pas vu. Là, j'ai constaté qu'il était un peu plus gros», a convenu Gagné en riant.

La grosseur de Fontaine est le premier sujet que l'avocate de celui-ci, Me Carole Beaucage, a abordé quand elle a commencé le contre-interrogatoire de Gagné, en fin d'après-midi, hier. Elle voulait démontrer que Gagné avait mal décrit Fontaine au début du procès, et qu'il n'en était pas à une contradiction près. Elle a d'ailleurs poursuivi sur cette lancée en traquant les mensonges qu'il a racontés au cours de sa vie criminelle, quand il passait devant les «libérations conditionnelles».

«Oui, j'ai conté de la bullshit à toutes les fois que je passais devant les libérations conditionnelles. Une fois j'ai dit que le milieu criminel me faisait peur. C'était pas vrai. Mais j'étais pas pour dire: laissez-moi sortir, je vais retourner vendre de la drogue. Ils ne m'auraient pas laissé sortir», a répliqué Gagné.

Gagné a admis qu'entre 1989 et 1997, moment de son arrestation définitive, il entrait et sortait de prison régulièrement. Il a vendu de la drogue et volé des voitures. Il ne sait pas combien il en a volé, mais il pense que le chiffre de 50 est raisonnable. Son contre-interrogatoire se poursuit ce matin.

Plus tôt dans la journée, la Couronne avait clos sa preuve en faisant écouter 34 conversations électroniques enregistrées par la police entre juin et décembre 1997. Parmi les voix entendues on a reconnu Maurice «Mom» Boucher, alors chef des Nomads Hells Angels, Paul Fontaine, André Tousignant, Normand Robitaille, ainsi que Stéphane Gagné. Ces conversations viennent appuyer les dires de Gagné sur plusieurs points. Ainsi, dans une conversation enregistrée le 2 juillet 1997, on a entendu André Tousignant s'enorgueillir d'avoir reçu ses couleurs de «Prospect Nomad», la veille. Moins d'une semaine avant, Gagné et lui avaient assassiné la gardienne de prison Diane Lavigne. Gagné a déjà expliqué que le fait de commettre un meurtre pour l'organisation permettait de monter en grade.

Rappelons que Paul Fontaine, qui a été en cavale pendant six ans, est accusé du meurtre prémédité du gardien de prison Pierre Rondeau, survenu le 8 septembre 1997. Gagné a aussi participé à cette expédition.