Un bar qui tient à peine trois mois avant de faire faillite, un projet de film qui tombe à l'eau et des rôles qui se font de plus en plus rares... L'arrestation de Tony Conte, mercredi soir, lors d'une transaction de cocaïne, marque le point d'orgue d'une période difficile pour l'acteur.

Bien garni jusque dans les années 90, le curriculum vitae de Tony Conte ne s'est pas beaucoup enrichi au cours des derniers mois. Son dernier projet important, a-t-on reconnu hier à son agence, est sa participation à une campagne de publicité pour la chaîne de restaurants Mikes.

 

Or, sitôt l'arrestation de M. Conte rendue publique, sitôt le géant de la pizza s'est dissocié de lui. «Ce n'était pas l'un de nos porte-parole», pouvait-on lire dans un communiqué de presse publié hier. «On l'a engagé en tant qu'Italien qui peut parler italien à la caméra, il était un comédien comme les autres qu'on a vu à l'écran. Ce n'est qu'une publicité», a insisté Yves Léveillé, responsable du marketing de Mikes.

Tony Conte n'a participé qu'à deux spots de 30 secondes pour le géant de la restauration. Depuis, deux autres publicités ont été tournées, mais sans le célèbre interprète d'un mafieux dans la série Omertà. Ses récents démêlés avec la justice n'ont aucun lien avec cette décision, affirme toutefois M. Léveillé. «On ne regrette pas du tout notre choix, mais on n'a jamais voulu faire de lui notre porte-parole comme on l'avait fait avec José Théodore ou Ginette Reno, par exemple.»

Tony Conte n'avait aucun autre projet d'acteur en route. «C'était un acteur de grand talent, mais il n'avait pas la meilleure éthique de travail. Il arrivait parfois en retard ou sans connaître son texte. Cela a fini par lui nuire», a commenté un collègue de longue date qui a préféré garder l'anonymat.

Les derniers proches collaborateurs de M. Conte, les réalisateurs des films Nitro et La rage de l'ange, n'ont pas rappelé La Presse et son agente s'est refusée à tout commentaire.

Déception après déception

Tony Conte a encaissé une grande déception l'an dernier quand son rêve de transposer au grand écran la pièce de théâtre Un simple soldat, écrite en 1957 par le dramaturge québécois Marcel Dubé, s'est évanoui. Le film devait être produit par Claudio Lucas. Une réalisatrice avait même été choisie: Micheline Lanctôt. «Mais on n'a pas réussi à obtenir le financement, puis le projet n'a pas été poussé. C'était une affaire classée», a-t-elle indiqué à La Presse.

Peu de temps après, Tony Conte a reconnu, dans des entrevues accordées à quelques médias, que les contrats se faisaient plutôt rares et que sa situation était difficile.

Il comptait alors sur l'ouverture d'un bar, le Zoom bar, à l'angle des rues Saint-Laurent et Duluth, pour se refaire une santé financière. L'acteur aurait même envisagé de délaisser les caméras pour s'y consacrer entièrement, mais les affaires n'ont jamais décollé et l'établissement a fermé définitivement ses portes une centaine de jours après son ouverture.

D'autres démêlés avec la justice

Tony Conte fait face à des accusations de complot et de trafic de drogue. Né de père italien et de mère québécoise, élevé à Montréal, Tony Conte a déjà eu des démêlés avec la justice en 1984. Il avait alors été représenté par Me Loris Cavaliere, avocat principal du clan Rizzuto. Il avait aussi été aperçu en 1998 aux funérailles de Paul Cotroni, fils du chef mafieux Frank Cotroni.