La mort du policier de Laval Daniel Tessier aurait pu être évitée. Son escouade a mal évalué les risques de la perquisition au domicile de Basil Parasiris au cours de laquelle l'enquêteur a été tué en mars 2007, a conclu la Commission sur la santé et la sécurité du travail (CSST) dans son rapport d'enquête rendu public hier.

L'opération aurait dû être confiée au Groupe d'intervention de Laval (SWAT) puisque les risques étaient élevés, selon la CSST.

Le 2 mars 2007, vers 5h10, cinq enquêteurs de la section moralité, drogue et infiltration, dont Daniel Tessier, ont défoncé la porte de la résidence privée de Parasiris à Brossard pour y faire une perquisition. C'est ce qu'on appelle une «entrée dynamique», dans le jargon policier. L'opération visait le démantèlement d'un réseau de trafiquants de drogue de Laval. Cela a mal tourné.

Basil Parasiris a atteint le policier Tessier de trois projectiles d'arme à feu, croyant être victime d'un braquage à domicile, dira-t-il plus tard en cour. Daniel Tessier est décédé à l'hôpital. Parasiris a été acquitté de l'accusation de meurtre prémédité qui pesait contre lui en juin dernier.

La police de Laval a fait une vérification «incomplète» du registre des armes à feu. «Si cette vérification avait été faite avec le nom de l'occupant de la résidence, et pas uniquement à l'aide de l'adresse, la section moralité et drogue n'aurait pas fait l'intervention», a indiqué un enquêteur de la CSST, Sylvain Paquette.

En effet, cette section de la police de Laval a le droit de faire des «entrées dynamiques», seulement lorsqu'il n'y a pas d'arme dans le lieu de perquisition. Or, M. Parasiris avait une arme enregistrée à ce registre, mais il avait omis de faire son changement d'adresse. Il possédait aussi trois armes illégales.

Les critères de la police de Laval pour l'évaluation du niveau de risque que présente une «entrée dynamique» sont aussi insuffisants, a noté la CSST.

En cette journée fatidique, les enquêteurs ne portaient pas les vêtements adéquats, a aussi indiqué le rapport de la CSST. Certains portaient des jeans, les pantalons «SWAT» n'étant pas disponibles. Aucun des enquêteurs ne portait une casquette avec le sigle de la police. De plus, l'identification «Police» amovible de M. Tessier, portée à l'avant de sa veste pare-balle, était retournée dans sa poche au moment de l'intervention.

La police de Laval a suivi les recommandations de la CSST, a assuré son directeur, Jean-Pierre Gariépy. Ses quelque 500 policiers ont suivi une formation sur le registre des armes à feu. De plus, avant chaque opération, les enquêteurs doivent désormais soumettre un plan d'intervention détaillé à leurs supérieurs. «Nos policiers ont fait leur travail avec professionnalisme et rigueur ce jour-là. Les lacunes étaient au niveau organisationnel et on les a corrigées», a ajouté le sergent Daniel Guérin de la police de Laval.

De son côté, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, est satisfait des correctifs apportés par la police de Laval depuis «cette tragédie». Les autres organisations policières ont aussi tiré des leçons, a-t-il indiqué. «Cet événement-là a permis à l'École de police de revoir la formation des policiers, notamment concernant les entrées dynamiques», a dit le ministre.