Le directeur des travaux publics de la Ville de Laval est dans l'embarras. Pierre Pelletier, un vieux routier de l'administration Vaillancourt, doit répondre à des accusations pour conduite avec facultés affaiblies au volant d'un véhicule de service de Laval. Les événements reprochés remontent au mois de juin dernier, a appris La Presse.

Ce soir là, le 4 juin, vers 23h, le directeur des travaux publics de Laval aurait été aperçu conduisant de façon désordonnée sur l'autoroute 15, à la hauteur du Carrefour Laval. Peu de temps après, des agents de la Sûreté du Québec l'ont appréhendé boulevard Saint-Martin, près du centre commercial géant, à bord d'un véhicule des travaux publics. L'homme de 50 ans, qui dirige les opérations des cols bleus de Laval, n'en est pas à première arrestation pour conduite avec facultés affaiblies. En 1993, alors que la loi sur l'alcoolémie au volant était moins sévère, il avait plaidé coupable et écopé d'une amende de 400$.

 

Cette fois, Pierre Pelletier a choisi de plaider non coupable à deux chefs d'accusation, dont un pour avoir conduit avec un taux d'alcoolémie de 0,16%, alors que la limite permise par la loi est de 0,08%. Hier matin, au palais de justice de Laval, la cause a été reportée au 15 décembre.

Tolérance zéro

Les accusations criminelles portées contre Pierre Pelletier ont eu l'effet d'une bombe, au cours des dernières semaines, parmi les quelque 550 cols bleus de Laval. Surtout que l'administration du maire Gilles Vaillancourt se targue d'appliquer la tolérance zéro en matière de conduite avec facultés affaiblies, explique-t-on. Martin Gagnon, président du syndicat qui représente les cols bleus de Laval, estime que «leur boss devrait à tout le moins être muté par le maire Vaillancourt».

«Nos membres ont totalement perdu confiance en Pierre Pelletier, déplore M. Gagnon. Il a perdu toute sa crédibilité. Mais le pire, dans tout ça, c'est que la Ville lui a adjoint un chauffeur quand son permis a été suspendu afin qu'il puisse continuer ses tournées dans les garages. Ça veut donc dire que les contribuables ont payé le double du salaire pour un cadre.»

À la Ville de Laval, le porte-parole, Marc Laforge, a dit que «la vie privée de M. Pelletier ne regarde pas la Ville». Au sujet du véhicule de service à bord duquel se trouvait le dirigeant, M. Laforge a ajouté qu'il est tout à fait normal d'attribuer un camion de service à quelqu'un qui est appelé à intervenir 24h sur 24.

Après avoir effectué une demande en vertu de la Loi d'accès à l'information, La Presse a constaté que M. Pelletier avait l'habitude de facturer des frais de déplacements d'environ de 400$ par mois, pour des distances oscillant autour de 650 kilomètres. En 2007 et début 2008, toutefois, ses factures au taux de 0,535 le km, ont chuté à une moyenne de 160$ par mois.

Robert Bordeleau, chef du parti non élu de l'opposition à Laval (Parti au service du citoyen), estime que le maire Gilles Vaillancourt aurait dû exiger la démission de Pierre Pelletier. «Il n'en a jamais encore été question publiquement, déplore-t-il. C'est un autre signe du manque de transparence à Laval», a ajouté celui qui espère détrôner le maire de Laval aux prochaines élections, en novembre 2009.

L'affaire criminelle survient au moment où le directeur général de la Ville, Gaétan Turbide, vient de remettre sa démission pour passer au privé. Il est remplacé par Richard Fleury, ancien directeur adjoint. Au moment de son départ, M. Turbide venait à peine de compléter une formation sur le Partenariat public privé, aux frais de l'administration municipale. Départ cordial, dit-on à la Ville.

Avec la collaboration de William Leclerc, recherchiste, La Presse