Pendant plusieurs semaines, tous les soirs, Simon est allé travailler dans l'atelier de son père. il a incrusté une dizaine de lames de rasoir sur un solide bâton de bois. il a hérissé un manche d'aspirateur de clous de six pouces. muni de ces armes, il prévoyait se rendre à son école secondaire. et faire un carnage.

«Mon plan était fait. je prenais une grosse ligne de coke. je mettais mes bâtons dans un sac vert, puis dans mon sac à dos. si le chauffeur d'autobus me posait des questions, je disais que c'était un travail d'arts plastiques. quinze minutes avant l'heure du dîner, j'allais à ma case et je prenais mes armes. quand la cloche sonnait, je commençais à fesser. je voulais faire comme à Dawson, raconte-t-il posément. l'école, c'est une hiérarchie. moi, j'étais au plus bas dans cette hiérarchie. j'aurais visé tous les frais chiés qui m'écoeuraient.»

 

Ensuite, simon prévoyait revenir chez lui. avoir une «conversation» musclée avec son père. et puis, se tuer.

Il a mis à exécution la première étape de son plan, la ligne de coke. mais, Dieu seul sait pourquoi, Simon n'a pas concrétisé la suite. il a laissé ses armes à la maison et est allé se confier à un intervenant de l'école.

Après un signalement d'urgence à la DPJ, des accusations de fabrication d'armes et d'idées homicidaires, il s'est retrouvé dans un centre d'hébergement sécuritaire de la Montérégie. avec, en dedans de lui, cette énorme boule de colère.

Colère contre son père, un homme très occupé, qui s'était peu à peu éloigné de son fils. colère contre sa mère, chez qui il avait vécu pendant un an, une toxicomane finie qui ne cessait de le dénigrer.

Au centre, Simon a d'abord arrêté la drogue. en quelques années, il était devenu un très gros consommateur. la dope éteignait, temporairement, la boule de colère.

Et surtout, au centre, Simon a redécouvert le sport. «ce qui m'a le plus aidé ici, c'est le sport. on faisait cinq sports par jour. ça me défoulait», raconte-t-il.

Sobre et en forme, simon a recommencé à travailler à l'école. il rebâtit les ponts avec son père. il commence à avoir des «sorties autonomes».

Lors de l'une de ces sorties, il s'est retrouvé avec des amis et quelqu'un lui a tendu un joint. «je l'ai senti, juste pour me rappeler le centre et la vie avec ma mère. je n'ai pas fumé. je l'ai redonné.»