Incarcéré depuis 2005 pour des histoires répétées de contrebande de cocaïne à grande échelle, le caïd Raymond Desfossés, du gang de l'Ouest, vient de s'adresser à la Cour supérieure afin d'obtenir son transfert dans un établissement à sécurité minimale.

Le problème, soutient Desfossés dans sa requête, c'est que la direction du pénitencier de Cowansville a promis de le transférer depuis 2006, à la suite de sa participation à une «action de bienfaiteur» qui a permis de faire échouer l'achat d'une importante quantité d'armes à feu destinées à des gangs de rue. Une partie de la transaction s'est tramée à l'intérieur des murs de cet établissement à sécurité moyenne, d'où l'intérêt des autorités carcérales à se mêler de l'affaire.

Si l'on en croit le document judiciaire déposé devant le tribunal, un codétenu de Desfossés à Cowansville était au coeur de toute cette magouille. C'est lui qui avait les contacts à la fois pour acquérir les armes et pour les acheminer aux gangs de rue. Au courant de la richesse et de l'influence de Desfossés dans le milieu interlope, les dirigeants de la prison ont fait discrètement appel à lui pour financer la transaction de 250 000$ et, du même coup, prendre au piège l'autre détenu.

D'après Desfossés, le scénario a fonctionné, et les armes ont été récupérées par la police. En échange de sa précieuse collaboration en tant que «bienfaiteur», et non délateur, comme il le précise dans sa requête, le narcotrafiquant de Trois-Rivières devait être envoyé dans un établissement à sécurité minimale, où les conditions de détentions sont beaucoup moins strictes.

Selon les prétentions de Desfossés, toutes les modalités de son transfert à l'Établissement de la Montée Saint-François, à Laval, étaient complétées quand les autorités ont fait volte-face, à l'automne 2006. La raison: Desfossés faisait l'objet d'une enquête par la Sûreté du Québec pour une série de règlements de comptes commis par un tueur qui s'est mis à table. À l'époque, il dit d'ailleurs avoir été placé en isolation dans un cachot pendant une dizaine de jours à cause de ces enquêtes. Des policiers lui ont aussi rendu visite en prison, mais ils sont repartis bredouilles.

Aucune accusation n'ayant jusqu'à maintenant été portée contre lui, Desfossés, 57 ans, qui se remet d'une leucémie, exige que les autorités pénitentiaires respectent leur promesse en le transférant dans un minimum. Le juge Richard Mongeau, qui a entendu la cause, doit rendre sa décision aujourd'hui, à Laval.