«Ils étaient deux, ils m'ont frappé au visage et nous ont poussés, ma femme et moi. Ils sont restés 20 à 30 minutes à l'intérieur, ils ont trouvé le coffre-fort.»

Cette voix cassée, presque un murmure, est celle d'un sexagénaire, victime d'un braquage à domicile, lundi soir dans le quartier Saint-Michel. Debout sur le perron de sa résidence, sur la 15e Avenue, l'homme, qui souhaite conserver l'anonymat, se préparait à prendre le chemin de la clinique lorsque La Presse l'a rencontré.

L'homme de 60 ans arborait quelques ecchymoses au visage. À ses côtés, sa femme de 58 ans, aussi présente lors de l'incident, n'a pas ouvert la bouche, visiblement glacée par les événements.

L'agression est survenue un peu avant 21h30. Deux bandits, dont un cagoulé, ont sonné à la porte, avant de la défoncer pour pénétrer à l'intérieur. Le couple a été séquestré durant près d'une demi-heure, sous la menace d'armes à feu. Les agresseurs ont pris la fuite avec un coffre-fort contenant quelque 10 000$ et des bijoux. Le couple a subi un choc nerveux.

Pour le moment, le Service de police de la ville de Montréal n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent. «À première vue, ce sont des gens sans histoire. Est-ce que les voleurs savaient que le couple avait des économies?» s'interroge l'agent Olivier Lapointe, du SPVM.

Fruit du hasard? Repérage? Le couple avait reçu la visite de voleurs il y a quelques semaines, révèle le fils des victimes, qui habite le logement au-dessus. «Ils n'avaient alors pris que des faux bijoux», souligne-t-il.

Le fils des victimes n'a rien entendu, puisqu'il était au travail lorsque les malfrats ont fait irruption.

Le vol d'hier porte un dur coup au couple. «C'est en partie les économies de ma fille, pour son école», explique le sexagénaire.

En plus de dérober les biens du couple, les voleurs ont viré leur logement sens dessus dessous. «Ils répétaient: «On sait que vous avez de l'argent.» Ils avaient tellement besoin d'argent qu'ils ont même ramassé les deux sous noirs que ma mère a échappés sur le sol», raconte le fils des victimes.

Sa mère croyait recevoir la visite d'une amie de la famille lorsque sa sonnette a retenti hier soir. «Elle a déverrouillé et les voleurs ont immédiatement défoncé la porte, indique le jeune homme. On pense toujours que ça n'arrive qu'aux autres», ajoute-t-il.

Les personnes rencontrées ce matin ont indiqué que ce secteur, d'ordinaire paisible, devenait de plus en plus chaud. «Ça brasse ici depuis six mois. À deux reprises j'a vu des gangs de rue se promener librement dans la rue en exhibant des armes à feu», raconte Francine Picard, une voisine.

La famille, qui habite l'immeuble depuis 10 ans, ne prendra plus de chances. «On va barrer toutes les portes et on va installer un système d'alarme, peut-être même des caméras», laisse tomber le jeune homme.