Le policier de la Sûreté du Québec (SQ) François Laurin, reconnu coupable de conduite dangereuse et d'avoir tué un homme, aura un nouveau procès.

Ses verdicts de culpabilité ont été annulés par la Cour d'appel du Québec, qui a rendu ce jugement vendredi après-midi.

En juin 2012, le policier Laurin se rendait prêter main-forte à un collègue qui intervenait auprès d'un homme en crise au festival de musique Rockfest de Montebello, dans la région de l'Outaouais, lorsque son auto-patrouille a percuté la voiture d'Éric Rompré, âgé de 25 ans. Celui-ci est mort et sa conjointe a été gravement blessée. Le policier roulait à plus de 180 km/h.

François Laurin avait été reconnu coupable de conduite dangereuse causant la mort et de conduite dangereuse causant des lésions corporelles en janvier 2017. Il avait ensuite écopé d'une peine de prison de 12 mois.

Le juge Maurice Parent avait rapporté que le policier conduisait à 182 km/h dans une zone de 90, bordée de maisons dans un tracé quelque peu sinueux. Il était d'avis qu'une personne raisonnable aurait adapté sa conduite à la situation, ce qui n'avait pas été le cas de M. Laurin.

Mais la Cour d'appel estime que le juge n'a pas procédé à une analyse sérieuse des critères prévus au Code criminel et par la jurisprudence afin de déterminer si la conduite du policier était dangereuse.

« Bien que le premier juge ait pu écrire que la conduite adoptée par l'appelant (M. Laurin) constituait un écart marqué par rapport à la norme, il ne s'est aucunement appliqué à expliquer en quoi cela pouvait être constaté par la preuve soumise », est-il écrit.

Car la Cour d'appel retient ceci : le policier a dit qu'il a vu les lumières de freinage de l'autre véhicule, mais qu'il croyait que ce dernier était en train de ralentir pour le laisser passer. Sauf que le véhicule a plutôt tourné à gauche, et le policier n'a pas pu l'éviter. M. Laurin a expliqué qu'il ne voyait pas pourquoi un véhicule pouvait tourner à cet endroit, qui est un vieux dépôt d'huile désaffecté.

Pour la Cour d'appel, ces faits démontrent la présence d'un moyen de défense raisonnable, et estime que le juge aurait dû l'analyser. Il s'agit là d'erreurs qui méritent qu'un autre magistrat se penche sur cette affaire, écrivent les trois juges sur le banc de la Cour.

Ils ont donc annulé les verdicts de culpabilité et ordonné un nouveau procès.