Un procès pour meurtre prémédité bat son plein au palais de justice de Montréal. Le jury patiente à l'extérieur. Soudain, un homme menaçant se lève et mime un geste sans équivoque en direction de l'accusé et de son avocat : un tir d'arme à feu. Ce Montréalais de 22 ans a été condamné à 10 mois de prison le mois dernier.

Psichary Vancol a été reconnu coupable ce printemps d'avoir menacé de mort Xavier Lentzky en plein milieu de son procès pour meurtre et d'avoir intimidé une personne associée au système judiciaire, Me George Calaritis, avocat de M. Lentzky.

L'avocat de la défense était sur ses gardes depuis le début du procès de son client, accusé d'avoir assassiné un homme lié aux gangs de rue. Pendant l'enquête préliminaire, il avait même dû se faire escorter par des constables à l'extérieur du palais de justice. Depuis, il vérifiait les allées et venues de tous les citoyens dans la salle.

Au matin du 22 janvier dernier, Psichary Vancol rencontre l'ex-conjointe de Donald Sainturne, la victime du meurtre. Cette dernière assiste au procès tous les jours. Il s'assoit près d'elle dans la salle. Dès son arrivée avec l'ex-conjointe de son ami, Me Calaritis remarque son ton « très sévère, voire intimidant ».

Quelques minutes plus tard, Psichary Vancol se lève dans la salle pendant des discussions en l'absence du jury et fait un geste de la main décrit avec précision par l'avocat. « Les deux premiers doigts de la main droite sont sortis, il a le pouce vers le haut, il a un mouvement de haut vers le bas de la main pour simuler le tir. Je vois ça à deux reprises. J'interprète ça comme un geste de tir dans ma direction », a témoigné Me Calaritis pendant le procès de Psichary Vancol.

« MENACÉ ET INTIMIDÉ »

L'avocat criminaliste assure s'être senti « menacé et intimidé » par ce geste, fait de surcroît pendant un procès de meurtre prémédité. Très vite, l'intimidateur est arrêté par les constables spéciaux sous ordre du juge. Le procès de Xavier Lentzky n'a repris que le surlendemain. Notons que ce Montréalais de 22 ans a été reconnu coupable par le jury de meurtre au premier degré et a été condamné à la prison à vie.

Pendant les observations sur la peine à imposer à M. Vancol, l'accusé a soulevé sa détention « difficile » et la naissance prochaine de son enfant pour demander à la juge sa libération immédiate après environ quatre mois de temps préventif purgé.

Or, la juge Maria Albanese n'a retenu que l'âge de l'accusé comme facteur atténuant dans sa décision du 14 mai dernier. Elle a plutôt insisté sur la gratuité des crimes et le fait qu'ils avaient été commis en salle d'audience. « L'insécurité, le stress et les mesures occasionnés ne sont pas négligeables. Les faits posés sur le plaignant ont eu un effet, mais également sur la bonne administration de la justice », note-t-elle.