Un prédateur sexuel endurci, emprisonné aux États-Unis pour de sordides agressions sexuelles sur des femmes droguées à leur insu, a été reconnu coupable mardi à Montréal d'avoir fraudé 100 000 $ à son amie de coeur. Le Montréalais Georgi Spitzer lui avait fait croire qu'il allait investir ce montant pour elle en Europe. Or, il a plutôt flambé le magot en quelques mois.

Les crimes commis par Georgi Spitzer aux États-Unis dans les années 90 lui avaient valu le surnom de «Roméo du Rohypnol» par la presse américaine. Son frère jumeau Stefan et lui ont été reconnus coupables d'enlèvement, de sodomie et de viol à l'endroit de cinq femmes entre 1993 et 1996. Ils ont écopé de sévères peines d'emprisonnement pour ces crimes.

Les jumeaux prédateurs se faisaient passer pour des producteurs de cinéma afin de draguer les jeunes femmes. Ils les droguaient ensuite au Rohypnol, surnommé la «drogue du viol». Les deux frères se filmaient en train de violer les femmes rendues inertes par le puissant somnifère. Ils auraient possiblement fait d'autres victimes dans les années 1980, avait soutenu la poursuite à l'époque de leur procès.

Tout comme son frère Stefan, Georgi Spitzer, 61 ans, habite à Montréal depuis sa sortie de prison en 2009. Il a été accusé depuis d'avoir agressé sexuellement une femme entre le 1er janvier et le 28 février 2008 à Montréal. Il n'a pas encore subi son procès pour cette affaire. Notons que sa présente condamnation pour fraude n'a aucun lien avec le dossier d'agression sexuelle.

Mardi matin, le Montréalais était présent dans la salle d'audience, lorsque le juge Patrick Healy de la Cour du Québec - mais juge de la Cour d'appel du Québec depuis 2016 - l'a reconnu coupable de deux chefs d'accusation de fraude et de blanchiment d'argent.

Au début de l'année 2013, Georgi Spitzer entame une relation amoureuse avec une femme. Celle-ci vient d'obtenir 300 000 $ pour un règlement de divorce. En mai 2013, elle transfère 100 000 $ dans le compte de banque de son amoureux. Leur relation se termine abruptement en juillet, mais Spitzer refuse de remettre l'argent à la femme. Selon lui, il s'agit d'un cadeau pour marquer sa «confiance et son affection».

Or, la femme s'est fait arnaquer par le fraudeur charmeur. Celui-ci lui fait croire qu'il investira pour elle le 100 000 $ en Europe et lui remettra ensuite les dividendes. Il lui donne d'ailleurs 2000 $ en «dividendes» peu de temps après son investissement. Le juge a cru la version des faits de la femme et a conclu qu'il s'agissait ainsi d'un «stratagème frauduleux» de la part de l'accusé.

«Il n'y a pas de doute que la plaignante était naïve, même crédule dans son entente financière avec M. Spitzer. Cependant, cela ne diminue pas sa crédibilité. Dans son témoignage, elle est demeurée claire, détaillée et complètement candide», soutient le juge dans sa décision.