La Couronne réclame une peine de 12 ans de prison pour l'ex-entraîneur de ski Bertrand Charest, relativement aux crimes sexuels commis à l'endroit de neuf jeunes filles qu'il a entraînées, dans les années 90. M. Charest n'a pas de réel remords, et il se voit comme une victime, a fait valoir la procureure du ministère public, Caroline Lafleur.

M. Charest n'a pas témoigné à son procès ni lors des observations sur la peine à lui imposer, qui avaient lieu hier, à Saint-Jérôme. Mais son état d'esprit transparaît dans le rapport avant sentence et l'évaluation psychosexuelle qui ont été faits à son sujet, à la suite de rencontres avec lui. 

S'appuyant sur ces documents qui ont été déposés à la cour, Me Lafleur a indiqué que la problématique narcissique de M. Charest était toujours présente et qu'il n'avait exprimé aucun besoin d'aide, car il estime ne pas en avoir besoin. Il considère que « ce n'est pas sa faute si les filles sont tombées en amour avec lui ». 

Dans le cadre de sa sentence, M. Charest a parlé de donner des conférences dans les écoles pour dire aux jeunes athlètes qu'elles ont des responsabilités à prendre dans leurs émotions à l'égard de leur entraîneur. Il faudrait leur faire savoir que les entraîneurs vont payer plus tard pour leurs comportements. Ce qui a fait dire à Me Lafleur que M. Charest « vit dans une autre réalité ».

Les crimes

Au terme de son procès, il y a quelques mois, M. Charest a été reconnu coupable de 37 des 57 chefs d'accusation portés contre lui. Les faits se sont déroulés entre 1991 et 1998, alors qu'il entraînait en ski de compétition, dans les Laurentides, puis pour l'équipe féminine de Canada Alpin. Au fil des ans, il a eu des relations complètes avec quatre jeunes filles, et fait des attouchements à cinq autres. Celles-ci avaient entre 12 et 19 ans. 

M. Charest s'est défendu en disant être tombé amoureux de deux des victimes, tandis qu'il a nié pour les autres. Il a également confié qu'il aurait préféré être jugé en 1998, car les agressions sexuelles étaient jugées « moins pires », et qu'il n'aurait pas perdu son argent et sa famille, a rapporté Me Lafleur.

Les séquelles

Quatre victimes ont témoigné de vive voix, hier, tandis que les autres ont envoyé des lettres. Elles ont parlé de manipulation de la part de M. Charest, des sentiments de honte et de dégoût qui les avaient habitées, de l'estime de soi démolie, de perte de confiance envers les autres, de rêves brisés, de carrière anéantie ou moins prolifique qu'elle ne l'aurait peut-être été si Bertrand Charest n'avait pas agi comme il l'a fait...

M. Charest, qui est détenu depuis son arrestation en mars 2015, est passible d'une peine maximale de 14 ans de prison. Son avocat, Antonio Cabral, plaidera pour sa part le 14 novembre.