Amir Khadir se défend d'avoir diffamé l'entrepreneur Marcel Melançon, qu'il a notamment décrit comme le «bag man» du Parti québécois. Le député de Québec solidaire affirme que ça fait partie de son travail de député d'opposition de «soulever des questions» sur l'utilisation des fonds publics et le financement politique des partis. Il regrette qu'on judiciarise un débat qui, dit-il, «appartient à la sphère publique.»

C'est, entre autres, ce qui se dégage du témoignage que M. Khadir a livré, jeudi matin, au procès civil où il est poursuivi en diffamation par M. Melançon. Ce dernier reproche à M. Kadhir les propos qu'il a tenus à son égard en septembre et décembre 2013, à l'émission de Benoît Dutrizac.

«Mais les cocktails de financement où étaient là des SNC-Lavalin, compagnies pharmaceutiques, des compagnies de construction, organisées par Marcel Melançon, c'était monnaie courante. Marcel Melançon, c'est celui qui donnait le cours 101 de financement illégal à Jean Brault, qui en a parlé à la Commission Gomery», avait-il dit. M. Kadhir s'était excusé, en novembre, après avoir reçu une mise en demeure.

Mais voilà, M. Khadir a récidivé en décembre, en traitant M. Melançon de «bag man» et en disant que la Commission Charbonneau devrait s'intéresser à lui. Dans la foulée, c'est une poursuite en diffamation de 300 000 $ qu'il a reçue de M. Melançon. Le procès a commencé mercredi en Cour supérieure, devant le juge Brian Riordan.

Jeudi, M. Khadir a expliqué le contexte de ses déclarations: le PQ était au pouvoir et on était en plein dans la Commission Charbonneau. Il était question de contributions politiques illégales et le PQ semblait vouloir faire porter le chapeau au Parti Libéral, selon M. Khadir. «Je tenais à dire que le problème touche les deux partis politiques», a fait valoir M. Khadir.

S'il a nommé M. Melançon, c'est que ce dernier a été nommé dans le rapport Moisan, sur le financement illégal de partis politiques, en 2005. M. Melançon admet qu'il a participé à la campagne de financement lors de la campagne référendaire de 1995, mais dit que c'est tout. M. Melançon a été associé avec Tony Accurso dans l'entreprise de construction Marton, mais ils ne le sont plus depuis 1999.

De son côté, M. Khadir semble trouver que la poursuite à son endroit n'a pas lieu d'être. «Ce genre de recours me détourne de mon travail de député et amène des contraintes dans ce qui relève d'enjeux d'intérêt public.»