Ayant appris que Zoé était enceinte de lui, Bertrand Charest est allé chercher l'adolescente à l'école, et l'a amenée à Montréal pour se faire avorter dans une clinique privée. Après, il est allé conduire la jeune fille de 15 ou 16 ans chez elle.

C'est ce que Zoé (nom fictif) a raconté, mardi matin, alors qu'elle témoignait au procès de Bertrand Charest. L'homme de 51 ans est jugé sous 57 accusations de nature sexuelle, faits qui se seraient produits entre 1991 et 1998, à l'égard de 12 skieuses qu'il a entraînées au fil des ans.

Elle se croyait en amour

Zoé a connu Charest alors qu'elle skiait au Mont-Tremblant, à l'âge de 12 ans environ. Il est devenu son entraîneur. Elle est allée en compétition en Europe où il l'a embrassée sur la bouche. Elle se croyait en amour avec lui. Leur relation s'est développée de manière plus intime par la suite. Ils ont eu une première relation sexuelle sans préservatif. Ils en ont eu d'autres, et elle est tombée enceinte, avec le résultat cité plus haut. M. Charest disait à Zoé qu'il l'aimait plus que les autres skieuses. Il lui faisait miroiter qu'il allait la marier, qu'ils auraient une maison, une ferme avec des chevaux, des enfants... Il lui disait aussi qu'il arrivait fréquemment que des entraîneurs tombent en amour avec leurs athlètes. Il lui disait cependant de ne pas en parler, car il pourrait aller en prison. 

« Je n'étais pas bien dans ma peau. On vivait une relation de couple en cachette. Il ne m'a jamais forcée physiquement. J'ai toujours pensé que c'était du consentement. Aujourd'hui, je sais que ce n'était pas correct », a raconté la femme, maintenant âgée de 39 ans. 

Il lui a fait prendre la pilule

Zoé se souvient qu'après l'épisode de l'avortement, M. Charest lui a fait prendre la pilule contraceptive, qu'il a obtenue chez son père, médecin. Les parents de Zoé, et son entourage n'étaient au courant de rien. Elle en a parlé à ses parents il y a deux ans seulement. 

Zoé affirme avoir tenté, à l'époque, d'arrêter cette relation qui la démangeait intérieurement, et qui, selon elle, a éteint sa carrière de ski. Un jour, elle y est parvenue, en s'exilant pour apprendre l'anglais. Elle se sentait mieux, car elle n'avait plus rien à cacher. 

En 1998, M. Charest l'a appelée pour lui dire ce qui était arrivé. Il avait été contraint de démissionner, pour avoir entretenu des relations intimes avec des athlètes. Il ne lui a pas demandé comme tel, mais elle dit avoir senti qu'il lui demandait de ne pas parler de leur relation passée.

Zoé se souvient qu'en 2008, M. Charest lui a envoyé un message Facebook, elle lui a répondu qu'elle ne voulait plus de contact avec lui. Le procès se poursuit au palais de justice de Saint-Jérôme.