Parce qu'elle n'a jamais eu de relations sexuelles avec l'entraîneur Bertrand Charest, Rose pensait que sa voix ne comptait pas. «J'aurais presque souhaité en avoir eues, pour venir à la cour et dire il m'a violée», a lancé Rose, vendredi, au procès de Bertrand Charest.

Dire que Rose garde un mauvais souvenir de M. Charest est un euphémisme. Avec le recul, elle estime que celui qui était son entraîneur dans une équipe nationale de ski, en 1996, l'a brisée. «Il m'a manipulée mentalement et physiquement», a-t-elle dit. Invitée à décrire M. Charest, c'est l'expression "piece of shit"» qui lui est venue. 

L'homme de 51 ans est jugé sous 57 accusations à connotation sexuelle. Les plaignantes, au nombre de 12, et âgées entre 12 et 19 ans, sont des jeunes skieuses qu'il a entraînées dans les années 90. La première qui a témoigné, jeudi, a parlé de relations sexuelles complètes. Ce n'est pas le cas de Rose. Cette dernière parle de frottage dans le dos, de main sur une cuisse, de touchers furtifs aux seins, qu'elle ne considérait pas comme sexuels à l'époque. Elle se souvient toutefois que M. Charest faisait dévier la conversation sur le sexe, voulant savoir notamment ce qu'elle faisait avec son petit ami. 

Rose se rappelle qu'elle «idolâtrait» M.Charest à l'époque, qu'elle le trouvait «incroyable». Elle se rappelle qu'il  la dénigrait en lui disant qu'elle était grosse, qu'elle ne ferait jamais rien de bien, alors qu'en d'autres temps, il lui disait des choses gentilles. «Il essayait de me briser mentalement pour me manipuler.»

L'équipe de ski vivait comme dans une bulle, «dans sa bulle». «On a toutes été manipulées», a-t-elle dit, alors qu'elle était contre-interrogée par l'avocat de la défense, Antonio Cabral. 

Une autre jeune femme, qui a eu Bertrand Charest comme entraîneur, a raconté que ce dernier était en couple avec une adolescente, à l'époque. Le procès se poursuit.