Libéré d'une accusation de meurtre, Michael Gero peut désormais retrouver sa propre liberté. Mercredi après-midi, la juge Hélène Di Salvo a entériné la suggestion des avocats et lui a imposé quatre ans de prison  pour possession d'arme prohibée et bris d'ordonnance. Cela équivaut au temps que M. Gero a passé en prison depuis la mort de sa conjointe.

C'est avec l'arme que M. Gero n'avait pas le droit d'avoir, que sa conjointe, Sherri Thomas est morte, d'un coup de feu à la tempe gauche, le matin du 19 novembre 2014, dans leur appartement de Notre-Dame-de-Grâce. Elle n'avait que 19 ans. Le suicide, qui semblait exclu au départ, est maintenant présenté comme une possibilité.

«On ne saura jamais réellement ce qui s'est passé le matin du 19 novembre», a lancé la juge Di Salvo au début de son jugement. Une chose est sûre cependant, c'est que M. Gero, un homme avec des antécédents criminels, n'avait pas le droit d'avoir d'arme depuis 2011. Il en gardait pourtant une depuis 2005, et il ne s'en est pas départi. Pire, cette armée était chargée, et placée non loin de munitions, dans une boîte dans sa chambre. Tout cela, alors que chaque fin de semaine il accueillait chez lui sa fille de quatre ans.

«Il ne faut surtout pas banaliser la possession d'arme à feu. Des drames y sont reliés, nous en sommes les témoins», a dit la juge Di Salvo, avant d'imposer une nouvelle interdiction de possession d'arme à feu à M. Gero.

«C'est exactement la même condition que vous aviez, mais c'est pour le reste de votre vie», a-t-elle dit d'un ton raide, en demandant à l'homme s'il avait bien compris. Il a dit oui.

Rappelons que M. Gero était accusé du meurtre de sa conjointe et qu'il avait commencé à subir son procès devant jury le 10 février. Alors que devait s'amorcer les plaidoiries, la semaine dernière, le procureur de la Couronne Jacques Dagenais a annoncé qu'il ne croyait plus à la culpabilité de l'accusé, après avoir entendu son témoignage. Le ministère public a décidé d'arrêter les procédures sur le chef de meurtre, et le jury a été renvoyé.

Version de Michael Gero

Selon le témoignage de M. Gero, le matin du drame, il s'est levé vers 7 hres, et est allé sous la douche. Ce faisant, il a entendu des cris provenant de sa conjointe, Mme Thomas. Elle criait après lui. Il n'a pas tout entendu, mais se rappelle de : «fucking asshole.» Il a pensé qu'elle avait pris son téléphone et qu'elle avait découvert qu'il avait parlé à une autre femme, la veille. Après, il a entendu un gros bruit. Il est sorti vite de la douche, est tombé, et a découvert Mme Thomas avec une balle dans la tête, par terre dans la cuisine.

Elle saignait abondamment. Paniqué, il lui a mis une serviette autour de la tête. Il a appelé le 9-1-1, mais il était tellement énervé, qu'on avait de la difficulté à le comprendre. Il a appelé sa mère, a couru dans l'appartement, puis a demandé de l'aide aux voisins. Sachant qu'il ne pouvait avoir d'arme, il a jeté le pistolet sur le toit, mais il ne se rappelle pas quand. À l'arrivée des policiers, il était mouillé et couvert de sang. L'arme a été retrouvée sur le toit plusieurs heures plus tard.

M. Gero et la victime se fréquentaient depuis deux ans environ, mais vivaient ensemble depuis environ un an. La jeune femme s'était fait avorter quatre jours avant le drame. M. Gero était défendu par Me David Petranic.