Les attentats au Métropolis et à Québec ne sont pas comparables, estime l'avocat de Richard Bain

«C'est complètement différent. Ce qui est arrivé à la mosquée est un acte de terrorisme. Quelqu'un est entré dans une place de prière et a massacré des gens. L'autre (son client) c'est quelqu'un qui a mis quelque chose dans sa tête, qui est allé à une élection, qui a tiré une balle. Après, il a eu un message de Dieu... », a fait valoir Me Alan Guttman, mardi, alors qu'il se présentait en Cour d'appel pour son client.

L'avocat croit toujours que l'état mental de son client a joué pour beaucoup dans ce qui est arrivé, même si la défense de non-responsabilité criminelle n'a pas été retenue par le jury. Au terme de son procès, M. Bain a été déclaré coupable de meurtre non prémédité et de trois tentatives de meurtre. Il a écopé la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant d'avoir purgé 20 ans de prison. C'est la peine que le juge Guy Cournoyer lui a imposée, en novembre dernier.

C'est ce 20 ans de prison obligatoire, que Me Guttman conteste. «Si ce n'était pas l'élément politique, je suis convaincu que ç'aurait été douze ans maximum. Mais ici il y avait l'élément politique et je ne suis toujours pas d'accord», a résumé l'avocat. Il estime que le juge n'a pas assez pris en compte certaines données, dont l'âge de M. Bain, le fait qu'il a toujours travaillé et bien fonctionné, l'absence d'antécédents judiciaires, une seule balle tirée...

Le cas Lortie

Me Guttman reproche aussi au juge d'avoir omis de demander l'avis du jury sur la durée de l'inadmissibilité à la libération conditionnelle, comme cela se fait habituellement. Enfin, il trouve que le juge n'a pas tenu compte du cas du caporal Denis Lortie pour calibrer la peine. Le militaire avait fait irruption armé à l'Assemblée nationale de Québec, en mai 1984. Dans son délire, il voulait tuer des députés, mais n'en avait trouvé aucun. Il avait tué trois membres du personnel et avait blessé plusieurs autres personnes. À son deuxième procès, Lortie a plaidé coupable à des accusations de meurtres non prémédités, et a écopé la prison à vie, avec le minimum à purger, soit dix ans. Dix ans d'inégibilité, c'est ce que Me Guttman demande. Il pourra tenter sa chance encore. Mardi, la requête pour autorisation d'appeler de M. Bain, qui touchait les trois tentatives de meurtre, a été vite accordée en Cour d'appel.

Le procureur de la Couronne, Dennis Galiatsatos, ne s'opposait pas à cette requête, puisque M. Bain peut en appeler automatiquement pour le meurtre. «Il a un droit d'appel automatique pour ce chef-là. S'il n'y avait que ce chef-là, on ne serait même pas ici aujourd'hui», a résumé Me Galiatsatos, après la brève audience.

Il est à noter que Me Galiatsatos en appelle lui aussi, mais pour demander de hausser la durée de la peine de M. Bain. Il demande 25 ans d'inégibilité à la libération conditionnelle.

L'appel sera entendu à un moment indéterminé. Ça pourrait prendre deux ans, a reconnu Me Galiatsatos. Rappelons que M. Bain s'était présenté cagoulé, en robe de chambre et lourdement armé au Métropolis, le soir de la victoire du Parti québécois, en septembre 2012. Il en voulait aux séparatistes et voulait empêcher Pauline Marois de faire son discours. Il a tiré une balle qui a tué le technicien de scène Denis Blanchette, et gravement blessé son collègue, Dave Courage. Après, son arme s'est enrayée, et il a été maîtrisé par les policiers.