Le commissaire de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière, ne cache pas sa satisfaction de voir l'ancien maire de Laval, Gilles Vaillancourt, plaider coupable.

Soulagé ? « Plutôt satisfait », réplique le policier, soulignant qu'il était particulièrement heureux de constater que justice avait pu être rendue pour celui qui, clairement, était la tête dirigeante d'un système illicite à Laval.

« C'est une avancée importante pour nous à l'UPAC, c'est clair. Un gros déblocage », a-t-il expliqué dans un entretien accordé hier à La Presse. Bien sûr, il ne veut pas commenter l'entente conclue entre les deux parties, car celle-ci devra être appréciée par un juge le 15 décembre.

Mais le reconnaissance de culpabilité du maire est avant tout l'aboutissement d'années de travail acharné de procureurs et de policiers, « une équipe dont je suis fier », insiste M. Lafrenière. « Ma pensée depuis quelques jours, depuis que je sais que l'entente est conclue, va aux procureurs de la Couronne et aux enquêteurs dans ce dossier. Ils devaient pleurer de joie en apprenant la nouvelle. Ils en ont travaillé un coup et arrivent finalement au résultat ! », explique le commissaire Lafrenière. Certains enquêteurs auront été détachés sur ce projet Honorer « pendant plusieurs années », rappelle-t-il.

Même lui était convaincu que l'ex-maire de Laval allait invoquer l'arrêt Jordan, de la Cour suprême, qui fixe des balises aux « délais raisonnables » d'une poursuite judiciaire.

Les accusations de fraude, complot, abus de confiance et gangstérisme remontent au printemps 2013, au-delà, donc, des 30 mois qui constituent un délai raisonnable, selon le plus haut tribunal du Canada.

Mais cette balise n'est pas automatique. Les juges qui reçoivent une demande de fin des procédures doivent aussi apprécier la cause, et une cause complexe peut justifier des délais plus longs.

« M. Vaillancourt a dû penser qu'il n'avait pas de chances d'être entendu [sur une requête de fin des procédures] à cause de la complexité du dossier. Dans son dossier, il y avait au-delà de 150 témoins, de la preuve informatique » observe M. Lafrenière.

AUTRES COACCUSÉS

Il est aussi possible, croit-il, que les procureurs l'aient prévenu qu'il n'était pas au bout de ses peines, que d'autres accusations l'attendaient s'il échappait à ce premier procès à cause de délais trop longs. Une information venue de proches de l'ancien maire.

Pour les 33 autres coaccusés, « j'imagine que certains doivent réfléchir, parce que la preuve est excellente dans plusieurs cas. Ils doivent parler à leur avocat », observe M. Lafrenière. On l'a vu avec les motards, une reconnaissance de culpabilité en entraîne parfois d'autres, rappelle-t-il.