L'ex-maire intérimaire de Montréal participait activement aux actes de corruption dont il est accusé, a soutenu la Couronne, vendredi, alors que le procès de Michael Applebaum tire à sa fin.

En entamant sa plaidoirie finale, la procureure Nathalie Kleber a passé en revue plusieurs témoignages selon lesquels Michael Applebaum aurait accepté de l'argent en échange de faveurs accordées à des firmes d'ingénierie et à des promoteurs immobiliers locaux.

Me Kleber a soutenu que la crédibilité de ces témoins et le cumul de leurs propos prouvaient l'implication de M. Applebaum dans ce présumé complot.

«Est-ce qu'on peut conclure que M. Applebaum avait connaissance de tout ça? Oui, nous le pouvons», a-t-elle lancé.

Le politicien municipal a plaidé non coupable aux 14 chefs d'accusation qui pèsent contre lui, notamment pour abus de confiance et fraude contre le gouvernement.

Les faits allégués seraient survenus lors de la négociation de deux contrats, entre 2007 et 2010, alors qu'il était maire de l'arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce.

M. Applebaum, qui a été maire de Montréal par intérim de novembre 2012 à juin 2013, n'a pas témoigné à son procès. Son avocat présentera sa plaidoirie finale lundi.

La Couronne a quant à elle fait venir sept témoins à la barre.

Vendredi, Me Kleber a évoqué le témoignage de l'ex-chef de cabinet de l'accusé. Hugo Tremblay avait affirmé que M. Applebaum l'avait initié à la corruption et qu'il lui avait enseigné des pratiques de financement légales comme illicites.

M. Tremblay a raconté avoir été envoyé auprès des deux promoteurs pour leur réclamer un pot-de-vin. Ces promoteurs derrière le projet de logement étudiant Troie lui auraient accordé 35 000 $ en trois versements sous forme d'argent liquide qui était dissimulé dans des boîtes de jeux vidéo. M. Applebaum et lui se seraient ensuite partagé le butin lors d'échanges dans leurs propres véhicules.

La procureure a tenu à souligner que Hugo Tremblay était alors un néophyte et qu'il «avait eu foi» en M. Applebaum.

L'essentiel de sa plaidoirie finale reposait sur la crédibilité des témoins et plus particulièrement celle de M. Tremblay, qui était le seul à relater une implication active de l'accusé dans les faits allégués.

Me Kleber a martelé que d'autres voix entendues en cours de procès corroboraient sa version des faits, bien que personne d'autre n'eut établi de lien direct entre M. Applebaum et ces versements illégaux.

Elle a reconnu que certains témoignages comportaient des «contradictions mineures», insistant toutefois sur le fait que tous s'entendaient sur les montants des présumés prélèvements et sur les moyens par lesquels ils étaient acheminés.

Les entrepreneurs Robert Stein et Anthony Keeler ont tous deux affirmé qu'il avait été manifeste à leurs yeux que les paiements demandés par M. Tremblay étaient en fait réclamés par M. Applebaum, a ajouté Me Kleber.

Selon le témoignage de M. Keller, M. Applebaum avait affirmé que de parler à M. Tremblay équivalait à lui parler à lui-même, a également relevé la Couronne. L'ex-maire aurait par ailleurs incité l'entrepreneur à payer en espèces pour les billets d'un cocktail de financement.

La procureure de la Couronne a finalement assuré à la juge de la Cour du Québec, Louise Provost, que les témoins n'avaient ni discuté entre eux de leur passage en cour, ni réclamé quoi que ce soit en échange de leur coopération.

«Vous n'avez aucune raison de mettre en cause leur crédibilité, leur fiabilité», a-t-elle réitéré.