Robert Bonomo, membre des Hells Angels de Montréal, dernier des accusés de l'opération SharQc, a plaidé coupable à un chef de complot pour meurtre, cet après-midi, au Palais de justice de Montréal.

En vertu d'une suggestion commune de la Poursuite et de la Défense, Bonomo a été condamné à huit ans et demi par le juge James L. Brunton de la Cour Supérieure. Mais en soustrayant la détention préventive de 15 mois calculée en double, et en prenant en considération que six ans auraient été retranchés à sa peine en vertu de la décision rendue par la Cour d'appel le 31 août dernier, Bonomo a été condamné à un jour de prison.

Dans les faits, après la décision du magistrat, il aura signé quelques formulaires au palais de justice puis s'en est retourné chez lui. Sa moto Harley-Davidson de l'année 2008 et une somme de plus de 8600$ ont été confisquées aux profits du Procureur général. Des bijoux et autres objets à l'effigie des Hells Angels ont été confisqués et seront détruits. En échange de son plaidoyer, un chef de meurtre déposé contre lui a été retiré. Robert Bonomo devait subir un procès en anglais en janvier 2017.

ST : Une question de temps

Avec la fin abrupte du procès des cinq Hells Angels de Sherbrooke il y a un an et la décision rendue par la Cour d'appel le 31 août dernier, il était devenu évident qu'il y aurait un règlement dans le dossier de Bonomo, l'un de ceux contre lequel la preuve était la moins probante, nous disaient des sources depuis des mois.

La procureure de la Couronne, Me Marie-Claude Bourassa, a d'ailleurs admis aujourd'hui qu'il n'y avait aucune preuve directe contre Bonomo dans les 22 dossiers originaux de meurtre déposés au début des procédures de SharQc, il y a sept ans.

Elle dit que la sentence tient compte de l'âge du condamné, 69 ans, et ajouté que même si ce dernier est toujours membre des Hells Angels, il ne fait pas partie des plus influents, et qu'il n'est pas l'un de ceux qui avaient été vus avec une arme lors des huit années qu'a duré la guerre des motards de 1994 à 2002.

Bonomo, un ancien membre des Popeye, est l'un des cofondateurs du premier chapitre des Hells Angels au Canada, la section de Montréal dont le local était à Sorel.

Expert en informatique, il avait joué un rôle important dans la stratégie de la défense, en évaluant que toute la preuve divulguée dans les superprocès SharQc équivalait à 371 fois la hauteur de l'Empire State Building de New York et que son examen aurait nécessité sept ans de travail. Le juge James L. Brunton, de la Cour Supérieure, avait tenu compte de son témoignage dans sa décision de libérer 31 accusés en 2011, en raison des délais qui s'annonçaient déjà déraisonnables.

Bonomo avait obtenu sa liberté provisoire en juillet 2011, après avoir versé une caution de 5000$ et s'être engagé personnellement pour une somme de 100 000$.

Il a été le président de la compagnie Les anges de l'enfer, propriétaire de l'ancien local des Hells Angels de Sorel, jusqu'en février 2015. Depuis, le local a été confisqué aux profits du Procureur général du Québec.

Son plaidoyer met fin à sept ans de procédures marquées notamment par le prononcé de plus de 300 jugements, un procès avorté pour «un grave abus de procédures» et une décision de la Cour d'appel qui a réduit sensiblement les sentences de 35 accusés, provoquant la libération immédiate de 16 d'entre eux.

En revanche, des dizaines de motards ont été condamnés à des sentences pouvant aller jusqu'à 25 ans ; les Hells Angels ayant reçu les plus lourdes peines passeront au moins 12 ans au pénitencier. 

Il reste toutefois un dossier au civil, portant sur la confiscation de biens appartenant à une trentaine de Hells Angels et leurs relations, à régler. Mais la cause se dirigerait vers un règlement hors cour. 

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