Dans une avalanche de paroles qui décrivait son désespoir, sa frustration et sa rage, Michel Duchaussoy a confessé avoir abattu le chauffeur de taxi Ziad Bouzid, en début de nuit du 20 novembre 2013.

«J'étais knocké, j'avais frette, j'étais écoeuré de voir ma femme qui avait frette, j'avais pu de force, ça faisait trois jours que je dormais pas, j'étais frustré... J'ai pogné les nerfs, je l'ai tué. Ça s'est passé en 30 secondes, une minute. J'ai même pas réalisé, je me souviens même pas d'avoir pesé sur la gâchette», a raconté M. Duchaussoy, alors qu'il était interrogé par un enquêteur, la nuit du 22 novembre 2013. 

Cet interrogatoire filmé de M. Duchaussoy, qui dure plusieurs heures, est présenté au jury chargé de le juger pour le meurtre du chauffeur de taxi. Le procès en est actuellement dans sa deuxième semaine.  

Duchaussoy avait été arrêté dans la journée du 21 novembre 2013, alors qu'il s'en allait se livrer à la police. Il savait qu'il était recherché partout, et qu'on le considérait comme dangereux. «J'avais vu ma face dans la TV», a-t-il dit. M. Duchaussoy était le dernier client que le malheureux chauffeur de taxi avait pris, avant d'être abattu dans sa voiture, dans Côte-des-Neiges. Duchaussoy s'était fait conduire sur la rue Darlington, cette nuit-là, dans l'espoir d'emprunter un peu d'argent et une place à dormir dans l'immeuble où il avait déjà travaillé. Il était accompagné de son épouse, Patricia Evangelisti. Il n'avait pas d'argent pour payer la course.

L'épouse de Duchaussoy, Patricia Evangelisti, d'origine tunisienne, avait été hôtesse de l'air pour Tunis Air dans le passé. Elle est descendue au fond du baril avec son mari, dans les semaines précédant le drame. Selon le récit de Duchaussoy, il avait perdu son travail, de même que son logement, et il n'avait plus d'argent. Lui et son épouse en étaient réduits à quémander de l'argent et un coin pour dormir à des connaissances. Mais après un temps, les portes se sont refermées. Ils n'avaient tellement plus rien, qu'ils ont dormi dans un conteneur, en plein mois de novembre. Ils étaient transis de froid, et avaient faim.

Duchaussoy se déplaçait avec les quelques possessions qui lui restaient, soit quelques vêtements, et un douze chargé, dont il avait coupé le canon et la crosse. Il errait, «courait d'un bord pis de l'autre», pensait que le monde «riait» de lui et de sa femme. «J'étais dans la marde... j'étais tellement mêlé dans ma tête... Je suis pas un gars qui est perdu d'habitude. Mais là j'étais réellement fucked up», a raconté Duchaussoy, dans sa déclaration. 

Le procès se poursuit avec la suite de la déclaration vidéo de l'accusé.