Michel Duchaussoy avait perdu son emploi, et n'avait plus de logement, le 19 novembre 2013. En colère, il se promenait avec un douze tronçonné dans une boîte de carton. Un peu avant minuit, un taxi est allé les cueillir, lui et sa conjointe, dans un Tim Hortons sur Côte-de-Liesse. Le chauffeur, Ziad Bouziz, allait vivre ses derniers moments.

C'est ce qui se dégage du résumé de la preuve que la procureure de la Couronne Geneviève Dagenais a présenté au jury ce matin, alors que s'ouvrait le procès de Michel Duchaussoy. L'homme de 46 ans est accusé du meurtre prémédité de M. Bouziz.

Selon Me Dagenais, l'accusé savait qu'il n'avait pas d'argent pour payer les 30 $ qu'allait coûter la course. Il s'est fait conduire sur la rue Darlington, puis, une fois rendu là, il a tiré en direction du chauffeur. Une balle s'est retrouvée dans le siège passager, tandis que l'autre a atteint M. Bouziz en plein visage.

Des témoins ont vu deux personnes sortir du véhicule. Des avis de recherche ont été lancés, et 32 heures plus tard, M. Duchaussoy était arrêté. L'homme a fait une déclaration vidéo, dans laquelle il reconnaît avoir causé la mort du chauffeur. Il aurait aussi confié que la veille, il avait eu l'intention de tuer un chauffeur d'autobus. Mais il ne l'a pas fait, car c'était une femme.

Un feu?

La procureure compte appeler 17 témoins dans cette affaire. Le premier, l'agent du SPVM Guy-Paul Saint-Laurent, est le premier policier arrivé sur les lieux peu après minuit, ce fameux soir. Lui et sa coéquipière avaient reçu un appel pour se rendre sur les lieux d'un accident avec « un feu » à l'angle des rues Darlington et Côte-Sainte-Catherine.

Une fois sur place, il a vu qu'un véhicule avait percuté un autre véhicule, et qu'il y avait beaucoup de fumée. Au point où on ne pouvait rien distinguer. Il a tenté d'éteindre le feu en visant le moteur d'un véhicule (le taxi) avec son extincteur. Cela n'a rien donné. Il est alors entré dans le nuage de fumée pour s'approcher et a vu une victime à la place du conducteur du taxi. L'homme avait le côté gauche du visage tout ensanglanté et il gémissait. Il l'a sorti et l'a traîné sur huit mètres pour le mettre à l'abri. Le policier s'est rendu compte par la suite que la fumée et le fort bruit qu'il entendait provenaient des pneus qui continuaient de tourner, parce que l'accélérateur était enfoncé. 

Le procès se poursuivait en journée.

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