Sergio Piccirilli, cet individu qui s'était retrouvé au centre d'un conflit qui avait failli tourner à la guerre entre les clans Rizzuto et D'Amico de la mafia en 2005, a été condamné à 15 ans de pénitencier ce matin à Laval.

Sergio Piccirilli, qui avait été arrêté dans une enquête de l'Unité mixte d'enquête autochtone (UMECO-A) de la GRC baptisée Cléopâtre en 2006, avait été reconnu coupable de gangstérisme, importation de pseudo-éphédrine, production et trafic de métamphétamine, trafic de cocaïne et possession d'armes prohibées en janvier dernier.

La Poursuite fédérale, représentée par Me Marie-Ève Moore et Me Dominique Dudedaime, demandait 18 ans alors que la Défense, assurée par Me Patrice Duliot, suggérait 12 ans. La juge Marie-Suzanne Lauzon de la Cour du Québec a tranché la poire en deux en imposant une sentence de 15 ans. Dans le box des accusés, Sergio Piccirilli semblait déjà pessimiste avant même que la magistrate annonce la peine.

Celle-ci a notamment tenu compte des antécédents du condamné, de la grande quantité de stupéfiants et d'armes saisie, et du fait que les crimes ont été commis aux profits d'une organisation criminelle dont Piccirili était le chef, pour l'appât du gain.

Piccirilli a donc pris le chemin de la détention, en principe pour les neuf ans et neuf mois prochains - si l'on soustrait la détention préventive -, mais il a déjà porté en appel son verdict de culpabilité prononcé en janvier.

« Mon client est en appel de son verdict de culpabilité. La sentence réclamée par la Poursuite était exagérée et en rendant cette décision, la juge nous donne un peu raison », a simplement déclaré Me Duliot à sa sortie de la salle d'audience.

Personnage énigmatique

Officiellement remorqueur de métier, Sergio Piccirilli, 56 ans, est décrit par la police comme un individu proche des motards, de la mafia et du crime organisé autochtone. Ami d'enfance de l'influent motard Salvatore Cazzetta actuellement détenu, Piccirilli est le fondateur des Devils Ghosts de la rive nord, un club subalterne des Hells Angels qu'il dit depuis avoir quitté.

Piccirilli avait des antécédents de recel et de complot et possessions d'explosifs et d'armes à Calgary, mais c'est en 2005, au plus fort de l'enquête Colisée, que la police a vu apparaître cet individu sur ses radars, alors qu'un conflit prenait de plus en plus d'ampleur entre les clans Rizzuto de Montréal et D'Amico de Granby.

Les enquêteurs de Colisée ont remarqué leurs collègues de l'UMECO-A rôder autour du quartier général de la mafia, le club social Consenza, sur la rue Jarry, où Piccirilli, qu'ils suivaient, est entré en exhibant une arme.

Durant l'hiver 2006, un enquêteur de la GRC a prévenu Piccirilli que sa vie était en danger et lui a demandé ce qu'il pouvait faire pour l'aider. « Envoie-moi des fleurs », lui a répondu Piccirilli de sa voix rauque.

En janvier dernier, Piccirilli a été avisé, comme plusieurs individus liés à la mafia d'ailleurs, qu'un contrat avait été mis sur la tête. Sa comparution au Palais de justice de Laval le 28 du même mois s'était déroulée sous une surveillance policière rarement vue.

Piccirilli avait déjà subi un premier procès à la suite de son arrestation dans le projet Cléopâtre, mais a bénéficié d'un arrêt des procédures en raison de certaines irrégularités. La cause a ensuite été portée en appel à des paliers supérieurs et un nouveau procès a été ordonné, d'où la raison pour laquelle il est condamné près de dix ans après son arrestation.

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