Elle avait 16 ans quand elle a rencontré l'auteur Maxime Roussy dans un salon du livre. Il l'a complimentée, ils se sont écrit sur MSN. Il a fait dévier les conversations sur le sexe, puis ils se sont vus dans des chambres de motel.

C'est, en résumé, ce qu'une deuxième jeune femme, que nous appellerons Ariane, est venue raconter, hier, au procès de Roussy. L'écrivain de 40 ans est jugé pour crimes sexuels à l'endroit d'une adolescente qui n'est pas Ariane. Cette dernière s'est manifestée tout récemment, après avoir entendu parler du procès de M. Roussy. Comme elle a vu des similitudes avec ce qu'elle avait vécu avec le populaire auteur jeunesse, entre 2006 et 2009, elle a contacté la procureure de la Couronne, Caroline Dulong, pour lui en faire part.

Ariane, une fervente lectrice, était âgée de 16 à 19 ans quand elle a été en contact avec Roussy. Elle avait l'âge légal pour consentir à des relations sexuelles, et Roussy ne sera accusé de rien à son sujet.

Mais la Couronne espère faire admettre en preuve son témoignage, pour montrer les similitudes, une manière de faire de Roussy. Ce n'est qu'après avoir entendu cette preuve que la juge Dominique Joly décidera si elle l'admet ou l'écarte.

Du salon au motel

C'est en mars 2007, dans le cadre du Salon du livre de Gatineau, qu'Ariane s'est retrouvée dans un motel avec Roussy pour la première fois. Il l'a embrassée, a tenté de la caresser, mais elle a figé et il a arrêté. La seconde fois, c'était à l'automne, une semaine après son 18e anniversaire. Ariane pense que Roussy avait reporté le rendez-vous à ce moment, parce qu'il voulait attendre qu'elle soit majeure, car ils avaient déjà discuté de la légalité de leurs rapports. « On avait conscience que c'était un peu limite », a-t-elle dit. Cette fois-là, ils ont fait des choses, mais elle refusait le « sexe pénétratif », et il a respecté cela.

Ils se sont vus une autre fois dans une chambre de motel, le 1er octobre. Il y a eu tentative de pénétration, mais elle était vierge et a eu mal. Roussy, qui était fatigué, s'est endormi et s'est mis à ronfler fort. Ariane était déçue.

Le lendemain matin, il a appelé sa conjointe avec son cellulaire. Pendant ce temps, elle est allée à la toilette.

« Il était fâché que j'aie flushé, parce que sa conjointe a entendu. Ça a créé un malaise », a dit la jeune femme, qui a maintenant 26 ans. C'est la dernière fois qu'ils ont eu des relations sexuelles, bien qu'ils aient continué de communiquer sur MSN pendant un certain temps.

Le procès se poursuit jeudi.

Extrait du témoignage d'Ariane

« En mars 2006, au Salon du livre de Gatineau. Il m'a dit que j'étais belle, il était surpris que j'aie juste 16 ans. Il m'a dit que si je n'avais pas eu cet âge, il m'aurait invitée à prendre un verre. »

« Progressivement [sur MSN], c'est devenu plus intime. Il me posait des questions sur ma sexualité. Il disait qu'il aimait qu'une femme ait du poil au pubis et aux aisselles. Pas de poil, ça lui faisait penser à une fille prépubère. »