En juin 2012, au moment où il était hospitalisé en psychiatrie au campus Notre-Dame du CHUM, Idelson Guerrier souffrait de schizophrénie paranoïde. Des signes de cette maladie mentale avaient commencé à apparaître presque un an plus tôt.

C'est ce qui se dégage du témoignage que le psychiatre Louis Morissette a livré, vendredi, au procès de M. Guerrier. Ce dernier est accusé des meurtres prémédités de deux patients et de tentatives de meurtre à l'égard de deux autres. Les faits se sont produits du 16 au 22 juin 2012, alors que M. Guerrier était hospitalisé dans les mêmes sections qu'eux.

Pour faire son évaluation, le Dr Morissette, expert en psychiatrie légale, a rencontré M. Guerrier à deux reprises, depuis le début janvier, et a assisté au témoignage qu'il a livré à son procès. Le psychiatre a aussi pris connaissance des dossiers médicaux de l'accusé et autres documents, comme son dossier chez son ancien employeur, Olymel. Il s'est également entretenu avec deux de ses ex-conjointes.

Le Dr Morissette a indiqué que certains symptômes de la schizophrénie sont facilement observables. Mais quand il s'agit de symptômes liés à la schizophrénie paranoïde, comme dans le cas de Guerrier, il est plus difficile de les évaluer, surtout en phase aiguë, dit-il. En apparence, les malades peuvent rester adaptés à la vie de tous les jours, mais ils ne donnent pas accès à ce qu'ils sont vraiment.

Idelson Guerrier était un grand consommateur de cannabis, mais le psychiatre ne croit pas que ce soit lié à sa maladie mentale. Il consommait depuis longtemps, alors que les signes de schizophrénie sont apparus en 2011. Il a perdu sa « drive », est devenu centré sur lui-même et il entendait des voix. Il s'est éteint.

PRESQUE DÉFICIENT

Dans le cadre de ses évaluations, M. Guerrier a passé des tests, dont un pour lequel il a obtenu un score de 63. Ce chiffre le place à la limite de la déficience intellectuelle. Il est presque analphabète, ne pouvant lire que des phrases simples, lentement, et ne sachant presque pas écrire. Il se débrouille un peu mieux avec les chiffres, mais ne maîtrise pas les opérations comme les multiplications et les divisions, a fait valoir le Dr Morissette.

Le psychiatre est d'avis que la maladie de M. Guerrier était active au moment des gestes qui lui sont reprochés. Il a commencé à aller mieux en septembre 2012, quand il a accepté de prendre des médicaments pour ses problèmes psychiatriques.

La défense s'oriente vers une défense en vertu de l'article 16, soit de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux. La Couronne, de son côté, croit que M. Guerrier savait ce qu'il faisait quand il a commis les crimes qu'on lui reproche.

Le psychiatre Louis Morrissette poursuivra son témoignage, lundi.

ÉTOUFFÉS AVEC UNE SERVIETTE

Les victimes auraient été étouffées avec une serviette, selon la preuve. Idelson Guerrier est accusé d'avoir tué deux hommes et d'avoir tenté de tuer deux femmes.

LES VICTIMES 

Gaétan Sénécal, 69 ans, est mort étouffé dans son lit le 16 juin 2012.

Claude Courtemanche, 77 ans, a été étouffé dans son lit le 21 juin. Il est mort deux jours plus tard.

Eytyxia Tsidanoulis aurait pour sa part été agressée dans son lit le 16 juin.

Iolanda Bertocchi, 61 ans, aurait été attaquée dans son lit par Guerrier, tôt le matin du 22 juin 2012. La police a été prévenue après cet incident.