Au quatrième jour de son témoignage pour sa propre défense, vendredi, Mike Duffy a inondé la cour d'informations, petites et grandes, sur l'Île-du-Prince-Édouard et ses résidants.

Le sénateur a plaidé non coupable à 31 chefs d'accusation de fraude, de corruption et d'abus de confiance. Certains de ces chefs sont liés à des frais de déplacements remboursés par les contribuables.

L'avocat de M. Duffy s'est ainsi employé, vendredi, à justifier les déplacements du sénateur pour assister à des funérailles dans l'île. Selon la défense, les défunts devraient être considérés comme des personnalités publiques, qui méritent que le sénateur de leur région assiste à leurs obsèques. Par ailleurs, M. Duffy soutient qu'il profitait de ces déplacements de fonction à Charlottetown pour rencontrer d'autres personnes.

Ainsi, en assistant à des funérailles en 2012, il aurait rencontré quelqu'un avec qui il discutait de potentiels contrats de sous-traitance dans le secteur de l'aéronautique. Le témoignage de M. Duffy sur ce seul épisode a duré une petite demi-heure, vendredi.

De tous les témoins qui ont défilé à la barre depuis le début du procès en avril, c'est le sénateur qui semble se souvenir le mieux d'événements qui ont eu lieu entre 2008 et 2012. Il faut dire que M. Duffy notait tout dans son agenda: qui il rencontrait, à qui il avait parlé au téléphone, et tout autre détail sur sa vie privée ou sur la politique en général.

Mais la mémoire très pointue de l'accusé contredit parfois celle de témoins qui sont déjà venus à la barre.

Ainsi, l'ex-député conservateur Dean Del Mastro avait raconté en cour que le sénateur était venu dans sa circonscription en 2010 pour assister à un salon canin, et que les deux hommes en avaient profité pour prendre un café ensemble.

Or, M. Duffy soutient que c'est le député Del Mastro qui l'avait invité à participer à l'émission d'une radio locale. Mais lorsque cette activité politique est tombée à l'eau, le député lui aurait parlé de son projet d'une émission de télévision pour le Parti conservateur. La visite imprévue au salon canin s'est greffée ensuite à ce déplacement.

Plus tôt cette semaine, M. Duffy a affirmé que l'ex-député Gary Lunn avait annulé à la dernière minute une visite du sénateur dans sa circonscription de Colombie-Britannique. M. Lunn avait plutôt indiqué que l'activité avait été annulée des semaines plus tôt.

Les procureurs de la Couronne ne devraient pas manquer, dès la semaine prochaine, de mettre en lumière les incohérences dans les différents témoignages.