Conseiller non qualifié payé 20 000 $ pour utiliser Google ou ancien syndicaliste et dirigeant médiatique expérimenté recevant des contrats légitimes du sénateur Mike Duffy? Ce sont les deux portraits qui ressortent de Gerald Donohue, un homme de la région d'Ottawa qui a finalement témoigné, lundi, au procès pour fraude du sénateur, après avoir repoussé de sept mois sa comparution pour des raisons de santé.

M. Donohue souffre de problème aux reins, d'une insuffisance cardiaque et de diabète. Il ne peut comparaître que quelques heures par jours et quelques jours par semaine, par vidéoconférence.

Six des 31 accusations qui pèsent sur Mike Duffy concernent 65 000 $ de contrats de recherchiste et de consultant octroyés par le Sénat à M. Donohue, un ami proche du sénateur, entre 2009 et 2012.

Mais certains aspects de ces contrats semblent curieux. D'abord, l'argent est allé à deux compagnies qui appartiennent à la femme de M. Donohue, qui n'a jamais été employé de ces firmes et n'a jamais eu l'autorité de signer des chèques.

Ensuite, et surtout, M. Donohue a payé des dizaines de milliers de dollars à des gens qui ont bel et bien travaillé pour M. Duffy, comme un rédacteur de discours, un entraîneur personnel et une maquilleuse professionnelle.

Gerald Donohue a affirmé lundi que sa compagnie avait gardé entre 19 000 $ et 22 000 $ - il n'était plus certain du montant exact. Il a effectué de la recherche sur internet sur le vieillissement de la population pour M. Duffy, et il donnait son avis au sénateur sur certains sujets comme le contenu d'un site web ou la bonne durée d'un discours. Il n'a jamais mis le pied sur la colline du Parlement.

Parfois durant son témoignage, M. Donohue n'avait que de vagues souvenirs de la raison pour laquelle il avait signé des chèques à d'autres à la demande de M. Duffy.

L'opinion de la Couronne sur ce dossier est qu'il s'agissait en fait d'un stratagème pour que M. Donohue paye des services fournis au sénateur qui n'auraient pas été admissibles à des remboursements du Parlement.

La défense soutient que M. Duffy a effectivement pris cette voie pour payer des contrats inhabituels, mais que ce n'était pas criminel, puisque toutes les firmes et individus payés ont offert des services liés aux affaires du Sénat.

L'avocat de la défense, Donald Bayne, a commencé son contre-interrogatoire par une longue série de questions sur la santé du témoin, insistant sur le fait que les années de traitement et de médication ont touché à sa mémoire.

«Ma mémoire n'était pas un gros problème jusqu'à ce que j'aie un problème aux reins. Mais beaucoup de ce qui s'est passé dans les deux ou trois dernières années a eu un effet émotionnel sur moi, ce qui a affecté ma mémoire», a répondu M. Donohue.

Le procès doit reprendre mercredi avec le témoignage du sénateur indépendant d'allégeance libérale George Furey, vice-président du puissant Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l'administration du Sénat.

Mike Duffy a plaidé non coupable à 31 chefs d'accusation de fraude, de bris de confiance et de corruption.