Guy Turcotte a bien collaboré avec la psychiatre France Proulx, mandatée cette année par la Couronne, pour évaluer son état mental au moment où il a tué ses enfants, en février 2009.

Une rencontre de deux heures en août dernier a suffi à la psychiatre, qui n'a pas demandé à le rencontrer de nouveau par la suite.

«J'en avais suffisamment pour pouvoir donner mon opinion et effectuer le travail qui m'était demandé», s'est défendue la Dre Proulx, aujourd'hui, alors qu'elle était contre-interrogée par l'avocat de la défense, Pierre Poupart. Celui-ci s'attarde depuis ce matin à faire ressortir ce que la psychiatre n'aurait peu ou pas considéré dans la rédaction de son rapport, qui fait 18 pages. 

La Dre Proulx conclut, comme les autres psychiatres qui ont évalué M. Turcotte avant elle, que celui-ci souffrait d'un trouble d'adaptation avec humeur dépressive au moment des faits. À la différence des experts psychiatres qui ont témoigné en défense, elle soutient que la maladie n'empêchait pas M. Turcotte de savoir ce qu'il faisait, ni de connaître la raison de ses gestes et leurs conséquences.

Me Poupart tente manifestement de mettre en lumière ce qu'il considère comme des lacunes dans le rapport. Pourquoi n'a-t-elle pas tenu compte du voyage à Whistler de l'été 2008? M. Turcotte a-t-il fait des efforts pour aller de l'avant malgré sa peine en raison de la séparation? Est-ce que ces gens (M. Turcotte et Isabelle Gaston), ont tenté d'en venir à une entente pour que ça fonctionne bien? «Le 20 février 2009, Guy Turcotte est allé chercher les enfants. Il est à votre connaissance, même si vous ne l'avez pas écrit, que Mme Gaston s'en allait faire du ski?...»

La psychiatre a eu accès à de nombreux documents, incluant les dossiers médicaux de M. Turcotte. Elle a admis qu'elle n'avait pas pris connaissance de tous les témoignages de chacun des témoins et toutes leurs déclarations. Elle a souvent répondu que son travail n'est pas celui d'un enquêteur. 

La psychiatre s'est attardée au passé de M. Turcotte pour faire son histoire personnelle. Elle reconnaît qu'il n'est «pas un bandit de grand chemin, pas un psychopathe».  

«C'est quelqu'un qui a travaillé. Il a des valeurs qui sont en accord avec les règles de la société. Il n'avait pas d'antécédent judiciaire, pas de vandalisme quand il était ado, il a un très long parcours d'études, beaucoup de capacités. C'est de l'ouvrage d'aller chercher un diplôme en médecine», de dire la Dre Proulx.

Le contre-interrogatoire se poursuit.