Reçu comme expert en salafisme djihadiste, le policier de la GRC Tarek Mokdad, a poursuivi son témoignage, ce matin, au procès de l'adolescent montréalais jugé pour terrorisme. M. Mokdad s'est prononcé sur la nature et la provenance des documents trouvés dans l'ordinateur de l'accusé en confirmant leur accointance djihadiste. Il a parlé de la vague migratoire de combattants occidentaux en terre islamique comme d'un phénomène jamais vu, en raison de son ampleur.

Le jeune de 16 ans - dont l'identité est frappée d'un interdit de publication - est soupçonné d'avoir commis un vol qualifié au profit d'une organisation terroriste et d'avoir voulu quitter le Canada pour participer aux activités d'un groupe terroriste. Il est le premier Canadien à être jugé sous cette dernière accusation en vertu de la Loi sur le terrorisme.

Selon le policier, l'importante vague migratoire djihadiste vers la Syrie est un phénomène nouveau et s'explique notamment par les méthodes de recrutement léchées de l'État islamique, très présent sur le web. «C'est plus que de la propagande, ça vous touche en plein coeur, a dit le témoin, questionné par Me Tiago Murias, avocat de l'accusé. Dans leurs vidéos très bien conçues, ils (EI) montrent des enfants décapités, des femmes décédées, des gens brûlés. Combien de temps ça durera? Les jeunes sont impressionnés. Ils se sentent interpellés et dans l'obligation d'aller défendre leurs frères musulmans.» Si elles sont dans l'impossibilité de se déplacer, ces recrues peuvent recevoir des conseils pour agir en Occident.

Un jeune qui souhaite joindre l'EI peut facilement trouver des informations sur internet pour arriver à ses fins, a précisé le policier. «Si vous voulez aller en Syrie, vous devez aller sur internet, puis trouver une façon d'établir un contact avec un représentant de l'État islamique. Ils vous disent où aller, quoi apporter, comment vous préparer. Est-ce très bien organisé? Je ne sais pas, mais ça fonctionne bien. Les recrues sont d'abord préparées spirituellement et ensuite physiquement.»

Il a précisé que les groupes Al-Qaïda et État islamique, malgré leurs différends politiques et leurs structures propres, partagent la même idéologie salafiste djihadiste. Moins présent en ligne, Al-Qaïda recrute notamment via son magazine Inspire (dont plusieurs numéros ont été téléchargés par l'accusé), a expliqué le témoin lundi. La publication a pour mission est «de recruter et attirer des recrues en Occident, surtout des jeunes impressionnables», a-t-il dit. On y détaille les étapes pour mener des attaques de façon individuelle et on y donne des indications pour communiquer de façon sécuritaire avec Al-Qaïda outremer.

Le procès se poursuit cet après-midi.