L'historique des finances du sénateur Mike Duffy a été mis au jour au bénéfice de tous à son procès, mardi: prêts hypothécaires, salaire au Sénat, affaires privées et le fameux remboursement de 90 000$ par le chef de cabinet du premier ministre, Nigel Wright.

Le témoignage du comptable judiciaire du gouvernement Mark Grenon sur son analyse des finances de Mike Duffy ne sera pas nécessairement accepté comme tel par le tribunal. Le juge de l'Ontario Charles Vaillancourt n'a pas encore pris de décision à cet égard.

Mais les procureurs de la Couronne ont semblé utiliser ces chiffres en quantité imposante pour brosser un portrait d'un sénateur qui aurait vécu constamment sur la corde raide financièrement, vivant au-dessus de ses moyens.

Mike Duffy a plaidé non coupable à 31 accusations de fraude, abus de confiance et corruption en lien avec ses dépenses de résidence, de voyages et de subsistance comme sénateur. Il a été montré en cour de multiples fiches de bilans financiers et de pointes de tarte, relatant le parcours de l'accusé de la fin 2008 à la mi-2013.

Durant cette période, 1,2 million de dollars ont été déposés dans son compte bancaire. En plus de son salaire au Sénat, il a reçu des prestations de retraite du réseau CTV et du gouvernement. Il a aussi récolté 25 000$ pour des allocutions par l'entremise de son entreprise. La vente de la maison de sa défunte mère a généré approximativement 50 000$.

Malgré tout, les données disponibles semblent montrer que les dépenses dépassaient grandement le rythme des revenus, avec une marge de crédit s'étant maintenue à plus de 100 000$ à un certain moment en 2012. La maison de Mike Duffy dans la région d'Ottawa est largement hypothéquée.

L'avocat de la défense Donald Bayne a argué que le témoignage de M. Grenon ne devrait pas être accepté en preuve, car il est fondé sur des insinuations. Il juge que le portrait est non pertinent en fonction des accusations au procès.

«Vous laissez leur camion reculer dans votre salle d'audience et décharger des milliers et des milliers de données, pour simplement les laisser pendre comme une épée de Damoclès pour le reste des procédures», a lancé Me Bayne.

«Dans quel but? Est-ce que le sénateur Duffy dans sa défense devra rendre des comptes pour 5500 transactions dans son existence financière? Cela faussera son procès», a poursuivi l'avocat.