L'ex-pompier de Laval Éric Monette, condamné le 22 décembre à 18 mois de prison pour avoir arrondi ses fins de mois en faisant le trafic de stupéfiants, restera derrière les barreaux, a tranché la Commission québécoise des libérations conditionnelles (CQLC), qui a refusé le 24 mars sa demande de sortie préparatoire à la libération conditionnelle.

L'homme de 47 ans, qui a été congédié après son arrestation, n'a pas convaincu les commissaires qu'il avait « changé de comportement ». Il a même donné l'impression de vouloir « tout bonnement tourner la page » sur son passé criminel, lit-on dans la décision, obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Éric Monette, qui travaillait à la caserne 5, dans le secteur Saint-François de Laval, a été arrêté le 2 décembre 2014, après avoir vendu de la drogue à un agent double de la police de Laval.

Les policiers ont alors saisi 19 000 $ en argent, 342 fioles de GHB (« la drogue du viol », a souligné la CQLC), 1164 comprimés d'amphétamines, de la cocaïne et près de 70 g de cannabis.

Devant l'agent double, le pompier se serait vanté de pouvoir obtenir une grande variété de drogues, notamment du Viagra, de la kétamine (anesthésique et analgésique) et du Dilaudid, un narcotique plus puissant que la morphine.

Il a plaidé coupable à 21 chefs d'accusation de trafic et de possession en vue de faire le trafic de stupéfiants.

Des collègues comme clients

En cour, le quadragénaire a déclaré que ses principaux clients étaient des pompiers, des lieutenants et des capitaines.

« Vous êtes incapable de nous donner les raisons de votre implication dans le trafic, trafic effectué à partir de la caserne de pompiers », a rappelé la CQLC dans sa décision, ajoutant qu'Éric Monette avait « certainement » des connaissances dans le milieu criminel.

« Vous n'êtes pas démuni. Vous ne manquiez pas d'argent », a aussi poursuivi la Commission, qui a estimé que le pompier gagnait de 85 000 à 100 000 $ par année, avec les heures supplémentaires.

La CQLC a aussi admis avoir accordé une importance au métier du trafiquant. « La Commission est d'avis que vous aviez un rôle social important avec une des professions les plus en vue dans la société et adulée par les jeunes. Vous avez trahi ce modèle. La gravité des délits est amplifiée », a-t-elle écrit, qualifiant la réflexion du pompier d'« embryonnaire et peu convaincante ».

- Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse