L'ancien maire de Boisbriand, Robert Poirier, a choisi hier de témoigner à son procès pour complot, fraude et abus de confiance dans une affaire de partage des contrats dans la municipalité de la Rive-Nord. Il a nié avoir reçu de l'argent ou des faveurs de la part de firmes de génie qui faisaient affaire avec la Ville.

«Je n'ai jamais rien reçu en échange des contrats de la Ville», a déclaré l'homme de 55 ans.

Ce dernier a cependant admis être allé à une partie de hockey à l'invitation de Gilles Cloutier, de la firme Roche. Même s'il avait des billets de saison, il a aussi raconté avoir assisté à une partie des Expos dans une loge en 2002 avec M. Cloutier, car ce serait l'occasion de parler de son usine d'épuration des eaux à la ministre des Affaires municipales de l'époque, Louise Harel. «C'était l'invitée qui était mise de l'avant», a-t-il raconté.

Le procès du maire Poirier découle de l'une des premières enquêtes de l'Unité permanente anticorruption (UPAC). L'ancienne vice-présidente de la firme Roche, France Michaud, est aussi accusée dans cette affaire.

Roche a remporté le contrat d'élaboration des plans et devis pour la réfection de l'usine d'épuration de Boisbriand. La firme avait évalué le coût des travaux à 23 millions. Un seul entrepreneur a cependant soumissionné sur le contrat de construction. La firme Infrabec, qui appartient à Lino Zambito, a déposé une soumission de 28,7 millions.

Lors de son témoignage, Gilles Cloutier a déclaré qu'il avait fait pression sur le maire Poirier et son organisateur politique Jean-Guy Gagnon pour que Roche obtienne le contrat de plus de 1,5 million pour l'élaboration des plans et devis.

M. Cloutier affirme que le maire Poirier l'a référé à Jean-Guy Gagnon (aujourd'hui décédé) qui siégeait au comité de sélection chargé d'étudier les soumissions de ce projet. M. Cloutier affirme qu'il a «pris une entente de 100 000$» avec Gagnon afin que le projet soit remporté par Roche, mais que seul un versement de 25 000 $ a été réalisé.

Soumissions truquées



Un autre témoin important dans cette cause, l'ex-président du Groupe Séguin, Michel Lalonde, a déclaré qu'il avait accepté de faire des soumissions de complaisance à cinq reprises pour permettre aux firmes Roches et BPR-Triax de remporter des contrats de voirie à Boisbriand au début des années 2000.