Mike Duffy a, aux frais des contribuables, fait encadrer des photos de famille et une photo de lui pour l'ex-première dame américaine Barbara Bush, a-t-on appris lundi au procès du sénateur conservateur suspendu, accusé de fraude, de corruption et d'abus de confiance.

La Couronne a aussi laissé entendre que M. Duffy avait soigneusement jonglé avec les chiffres de son budget annuel de fonction afin de pouvoir verser le maximum à un vieil ami qui avait obtenu de lui différents contrats de services.

Le procureur Jason Neubauer a passé au crible, page par page, la liste des contrats octroyés par le sénateur à la firme Maple Ridge Media, dirigée par Gerald Donohue, qui était un collègue de Mike Duffy à la télévision.

M. Duffy fait face à 31 chefs d'accusation; quelques-uns de ces chefs se rapportent à des demandes de remboursement de 65 000 $ pour des services exécutés au fil des ans par différentes entreprises de Gerald Donohue.

Le procureur Neubauer a interrogé lundi une responsable des ressources humaines au Sénat, Sonia Makhlouf, qui a notamment pour tâche d'examiner les comptes de dépenses des sénateurs.

La Couronne lui a demandé si elle aurait approuvé une réclamation pour l'encadrement de photographies, ce à quoi elle a répondu qu'elle en aurait «probablement référé à (son)supérieur».

On a appris par ailleurs qu'en 2009-2010, M. Duffy a à plusieurs reprises ajusté le montant octroyé à son ami Donohue pour «des services de consultation et de rédaction», lorsqu'il a appris le montant des surplus affichés dans son budget à la fin de cette année-là. M. Donohue a finalement reçu une somme supplémentaire de 14 000 $ à la toute fin de l'année financière.

«Je voulais que (la firme de M. Donohue) m'aide dans un projet sur le vieillissement de la population canadienne, mais j'avais mis ce projet sur la glace parce que je croyais que j'avais épuisé mon budget pour l'année», a écrit M. Duffy au service des ressources humaines du Sénat. «En fin de compte, nous avions dégagé un léger surplus, qui pouvait donc être utilisé.»

La même chose s'est reproduite l'année suivante, avec cette fois une somme de 13 560 $ versée à M. Donohue à la toute fin de 2010, une fois dressé le bilan financier du bureau du sénateur.

Mme Makhlouf a par ailleurs indiqué dans son témoignage, lundi, que dans le cadre de ses fonctions, elle n'avait pas à vérifier si les entrepreneurs étaient qualifiés pour exécuter un contrat - ou même si le travail avait effectivement été accompli.

«C'est laissé à la discrétion du sénateur», a-t-elle indiqué.

L'avocat de la défense, Donald Bayne, a plaidé la semaine dernière que le sénateur Duffy avait peut-être commis des erreurs administratives, mais que rien n'indiquait qu'il avait posé des gestes criminels.