L'avocat de Patrick Brazeau a suggéré mercredi au procès que la plaignante avait déclenché elle-même l'affrontement physique en frappant le sénateur avec sa main et son soutien-gorge.

Contre-interrogée au procès pour agression sexuelle et voies de fait, la présumée victime a nié la thèse de la défense selon laquelle elle aurait elle-même frappé M. Brazeau lorsqu'il lui a demandé de rendre un collier qu'il lui avait offert.

La femme, qu'on ne peut identifier, témoignait pour la troisième journée consécutive, à Gatineau, où auraient eu lieu les faits allégués il y a deux ans.

L'avocat Gérard Larocque a continué mercredi à tenter de miner la crédibilité de la présumée victime, plaidant qu'elle n'avait pas tout raconté aux autorités concernant les événements de février 2013.

Me Larocque a allégué que la plaignante n'avait jamais mentionné dans ses entrevues et déclarations écrites comment son chandail violet et son soutien-gorge - deux éléments qu'elle tenait dans ses mains au début de l'affrontement - avaient atterri sur les marches de l'escalier lors de l'escarmouche.

Il a aussi tenté de faire ressortir des contradictions entre son témoignage et une déclaration à la police sur vidéo livrée le jour de l'affrontement.

Me Larocque lui a demandé pourquoi elle avait dit ne plus se souvenir d'avoir dit à la police il y a deux ans que M. Brazeau avait eu le temps d'effectuer un appel téléphonique avant leur affrontement.

L'avocat a laissé entendre que son intention avait été d'omettre ce détail car il ne cadrait pas avec son récit d'un assaut précipité de M. Brazeau à son endroit.

Me Larocque a également tenté de souligner des contradictions dans son témoignage d'une journée à l'autre cette semaine.

Mercredi, la femme a nié avoir dit à la cour être tombée sur un pot de fleurs dans la maison après que l'accusé l'eut supposément poussée. Mais Me Larocque et le juge Valmont Beaulieu ont tous deux indiqué que leurs notes colligées de ses témoignages précédents indiquaient clairement qu'elle avait dit à la cour avoir chuté sur le pot de fleurs.

La veille, la plaignante a été forcée d'admettre qu'elle avait elle-même arraché son collier et qu'elle l'avait lancé pendant la dispute - des détails qu'elle n'avait jamais racontés aux autorités. Elle soutient aujourd'hui qu'elle a arraché son collier parce qu'elle était en colère lorsque l'accusé l'a poussée par terre.

Plusieurs photos de la police montrant des ecchymoses et des marques rouges sur diverses parties du corps de la femme ont été montrées en cour.

Me Larocque a aussi rappelé au tribunal qu'elle avait déjà utilisé un faux passeport, obtenu dans un pays tiers, pour entrer au Canada. Elle a cependant précisé mercredi qu'elle avait tout avoué aux autorités lorsqu'elle a fait une demande de statut de réfugié. La plaignante a soutenu plus tôt cette semaine que l'accusé l'avait poussée dans un escalier, lui avait craché au visage, lui avait agrippé les seins et l'avait agressée sexuellement.

M. Brazeau, qui avait été chassé du caucus conservateur tout de suite après son arrestation, a plaidé non coupable aux accusations. Il a aussi été suspendu sans solde du Sénat en novembre 2013, relativement à des accusations de fraude et d'abus de confiance dans une affaire de réclamations de dépenses douteuses.

À l'extérieur de la salle d'audience, le procureur de la Couronne, Sylvain Petitclerc, a été questionné sur le fait que Me Larocque avait affirmé que la femme avait frappé M. Brazeau en premier.

«J'estime que la scène (de crime) révèle des choses, les photos de la victime révèlent des choses, et que les allégations de la défense envers la victime sont réfutées de façon claire par celle-ci», a exprimé Me Petitclerc.

Le procès devant juge seul doit reprendre avec la poursuite du contre-interrogatoire de la femme le 2 avril.